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Ensuite, pour qu'on ne croie pas que c'est là une loi, il ajoute : « Cependant, si vous prenez une femme, vous ne péchez pas ». Puis il accuse l'état des choses, la nécessité présente, la brièveté du temps, l'affliction. Car le mariage entraîne bien des suites qu'il indique comme il l'a déjà fait en parlant de la continence, quand il disait que la femme n'a pas de puissance sur son corps, et ici quand il dit : « Etes-vous lié... Cependant si vous prenez une femme, vous ne péchez pas ». Ceci ne s'applique point à celle qui a choisi la virginité, car celle-là pécherait. En effet, si les veuves sont incriminées pour avoir contracté un second mariage quand elles ont promis de rester veuves, à plus forte raison blâmera-t-on les vierges. « Toutefois ces personnes auront les tribulations de la chair ». — Et aussi ses plaisirs, dites-vous. — Mais voyez comme l'apôtre les restreint par la brièveté du temps, en disant : « Le temps est court » ; c'est-à-dire, nous avons ordre de passer comme des voyageurs et de sortir ensuite; mais vous vous agitez dans l'intérieur. Quand même le mariage n'aurait rien de pénible , il faudrait encore hâter sa marche vers l'avenir ; mais quand il entraîne des suites fâcheuses, à quoi bon se charger du fardeau? Pourquoi s'imposer une telle charge, puisqu'une fois que vous l'avez prise, il faut en user comme n'en usant pas? En effet, l'apôtre nous dit : « Il faut que ceux mêmes qui ont des femmes soient comme n'en ayant pas ». Après avoir ainsi dit un mot de l'avenir, il revient au temps présent. Car il y a des intérêts spirituels : l'une s'occupe du service de son époux, l'autre du service de Dieu; ruais il y a aussi les intérêts de la vie présente : « Je voudrais que vous fussiez exempts de soucis ». Pourtant il laisse cela à leur liberté. Car celui qui, après avoir montré ce qu'il faut choisir, impose le choix, semble n'avoir pas confiance en ses propres paroles. C'est pourquoi il use surtout de condescendance pour les déterminer et les maintenir : « Or je vous parle ainsi pour votre avantage, non pour vous tendre un piège; mais parce que c'est une chose bienséante et qui donne la facilité de prier ».
Que les vierges entendent bien : ce n'est pas à cela que se borne la virginité; celle qui s'occupe du monde n'est ni vierge, ni honnête. Après avoir dit : « La femme mariée et la vierge sont partagées », il établit la différence, le point qui les sépare l'une de l'autre. Pour limite entre la vierge et celle qui ne l'est plus, il ne donne pas le mariage, ni la continence, mais l'exemption de soucis et de grands soucis. Car ce n'est pas l'acte du mariage qui est un mal, mais l'obstacle à la (418) sagesse. « Si donc quelqu'un pense que ce lui soit un déshonneur que sa fille reste vierge». Ici il semble parler en faveur du mariage; néanmoins tout se rapporte à la virginité; car il permet même un second mariage, mais seulement « dans le Seigneur ». Que veut dire : « dans le Seigneur? » C'est-à-dire, avec chasteté, avec honnêteté; car il en faut partout : c'est là ce que nous devons chercher; autrement il n'est pas possible de voir Dieu. Si nous avons passé sous silence ce qu'il y a à dire sur la virginité, qu'on ne nous accuse pas de négligence. Car nous avons composé un livre entier sur ce passage ; et après y avoir traité ce sujet avec autant de soin qu'il nous a été possible, nous avons cru inutile d'y revenir aujourd'hui. Nous y renvoyons donc nos auditeurs, et nous nous contentons de dire ici qu'il faut garder la continence, puisque l'apôtre nous dit : « Cherchez à tout prix la paix et la sainteté, sans laquelle personne ne verra le Seigneur ». (Hébr. XII, 14.) Cherchons-la donc, soit que, nous vivions dans la virginité, soit que nous vivions dans un premier ou dans un second mariage, afin de mériter de voir Dieu et d'obtenir le royaume des cieux, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent, au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, l'empire, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
