7.
Comme toutes ces demandes se suivent bien, s'enchaînent bien les unes avec les autres ! Pas de chaîne d'or plus solide et plus belle. On demande d'abord une âme toute divine, et on dit ensuite ce qu'il faut pour l'obtenir. Que devons-nous donc taire? Il faut sans cesse s'appliquer aux choses de Dieu. Et comment y arriver ? En méditant sans cesse sa loi sainte. Comment y amener les hommes? En leur persuadant d'observer les commandements; ou plutôt c'est la méditation de la Loi divine qui engendre l'observation des commandements; comme aussi le zèle des choses de Dieu, la sanctification de l'âme, font qu'on s'y applique. En effet , chacune des choses dont nous venons de parler en produit une autre, qui, à son tour, reproduit la première; et elles sont comme renfermées l'une dans l'autre. « Prions encore pour eux avec plus de ferveur ». D'ordinaire un long discours fatigue l'âme et l'endort. Ces paroles sont dites pour la réveiller. C'est qu'il faut demander de grandes faveurs, des grâces signalées ; et c'est pourquoi il est dit : « Prions pour eux avec plus de ferveur ». Que va-t-il donc solliciter? « Que le Seigneur les délivre de tout mal et de toute action funeste ».
Ici nous demandons qu'ils n'entrent point en tentation et que Dieu préserve du danger leurs corps aussi bien que leurs âmes. Et c'est pourquoi le diacre ajoute : « Que Dieu les préserve de toute action diabolique, et de toutes les embûches de l'ennemi ». Paroles qui indiquent clairement les tentations et les péchés. Car le péché assiège l'homme , il l'entoure de tous côtés , par devant, par derrière, et cherche à le renverser. Après nous avoir mis sous les yeux nos obligations, après nous avoir rappelé que nous devons étudier la Loi de Dieu, nous souvenir de ses préceptes et observer ses justices, on nous avertit que tout cela est insuffisant, si Dieu ne nous vient en aide. « En effet, si le Seigneur ne construit la maison, en vain travaillent ceux qui veulent la construire ». (Ps. CXXVI,1.) Et si le secours d'en-haut est nécessaire, n'est-ce pas surtout (16) à ceux qui sont encore soumis à l'empire du démon? Vous le savez, vous tous qui avez été baptisés. Rappelez a votre mémoire ces paroles que vous, prononçâtes en renonçant à le servir, à genoux devant celui que vous preniez pour votre roi : paroles redoutables qui nous disent assez que nous ne devons plus obéir au démon en quoi que ce soit.
Le démon, le diacre l'appelle un adversaire: car il ne cesse de calomnier Dieu auprès des hommes, et les hommes auprès de Dieu. Autrefois ne calomniait-il pas Job auprès du Seigneur, quand il disait : « Job n'a-t-il pas intérêt à servir Dieu? » (Job, I, 9-16.) Ne calomnie-t-il pas Dieu auprès de Job, quand il lui dit: « Le feu est descendu du ciel? » N'en agit-il pas de même auprès d'Adam et d'Eve, en lui affirmant que leurs yeux seront ouverts? Et quand il dit aux hommes : « Dieu ne s'occupe point de ce monde visible ; c'est aux démons qu'il abandonne le soin de vos affaires » ; n'est-ce pas encore là calomnier le Seigneur? Que de Juifs prêtèrent l'oreille à ses calomnies contre le Christ, qu'il appelait imposteur et magicien ! Maintenant voulez-vous savoir comment il s'y prend ? S'il rencontre une âme que n'inspire point la divine sagesse, qui met en oubli les commandements de Dieu, qui n'observe point ses justices, il s'en empare et l'entraîne à sa suite. Si Adam s'était rappelé l'ordre de son Dieu : « Mange des fruits de tous les arbres, etc. » ; s'il eût tenu compte de cette menace : « Du jour où vous en mangerez, vous mourrez de mort » (Gen. II, 17), eût-il subi la peine qu'il a subie?
« Que Dieu leur accorde au temps favorable le bain de la régénération et la rémission de leurs péchés ». Nos demandes se rapportent, les unes au présent, les autres, à l'avenir. Nous exprimons les effets du baptême, et leur apprenons tout ce qu'il a de salutaire. Nous les habituons,à regarder le baptême comme une seconde naissance, à comprendre que ces eaux sacrées nous donnent la vie surnaturelle, comme nos mères nous ont donné la vie temporelle. Nous ne voulons pas qu'ils disent avec Nicodème « Comment un homme déjà vieux peut-il naître? Peut-il entrer dans le sein de sa mère, et naître une seconde fois? » (Jean, III, 4.) Cette rémission des péchés dont il vient de parler, il y revient encore : « Qu'il leur accorde le vêtement de l'immortalité ». Le baptisé est élevé à la dignité de Fils de Dieu; désormais il est donc immortel. Que signifient ces mots : « En temps favorable » ? Recevoir le baptême en temps opportun, c'est le recevoir dans de bonnes dispositions , avec une âme remplie d'ardeur et de foi : voilà le temps véritablement opportun.
« Qu'il bénisse leur entrée et leur sortie, qu'il bénisse leur vie tout entière ». Ici on nous prescrit de demander pour eux des bénédictions temporelles; et cela, parce qu'ils sont encore trop faibles. « Qu'il bénisse leurs maisons et leurs familles ». C'est-à-dire, leurs serviteurs, ou leurs proches, ou leurs amis. Telles étaient les récompenses de l'ancienne Loi; et rien alors n'était pénible comme le veuvage, la stérilité, une mort prématurée, la famine, les revers. Le diacre leur permet donc de se complaire encore dans ces demandes des biens temporels, et peu à peu il les fait monter plus haut. N'est-ce pas aussi ce que fait Jésus-Christ, ce que fait saint Paul? Ne rappellent-ils pas eux-mêmes les antiques bénédictions? Jésus-Christ dans ces paroles : « Bienheureux ceux qui sont doux ! car ils posséderont la terre ». Et saint Paul, quand il dit : « Honore ton père et ta mère, afin que tu vives longtemps sur la terre ».