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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ad Ephesios commentarius Commentaire sur l'épître aux Éphésiens
HOMÉLIE II.

4.

Voyez-vous que la vertu est selon la nature, et le vice contre nature, tout comme la santé et la maladie? Mais mentir et se parjurer, cela peut-il être une nécessité? Aucunement : c'est volontairement et sans y être forcés que nous commettons ces fautes. — On se défie de nous, dira-t-on. — On se défie de nous, parce que nous le voulons bien; car nous pourrions inspirer plus de confiance par notre caractère, que nous ne faisons par nos serments. En effet, pour quelle raison, dites-moi, ne croyons-nous pas à certaines personnes en dépit de leurs serments, tandis que nous croyons à d'autres sans qu'elles jurent? Voyez-vous qu'il n'y a nul besoin de serments? Si un tel parle, je le crois, même sans serments; vous, vous avez beau jurer, je ne vous crois pas. Donc le serment est chose superflue et plutôt une marque de défiance que de foi. La facilité à jurer fait obstacle à la réputation de piété. Aussi celui qui jure souvent n'a nullement un besoin impérieux de jurer; et celui qui n'use pas de serment en a tout te profit. Dira-t-on maintenant que le serment est utile pour se faire croire? Aucunement : car nous voyons que ceux qui ne jurent pas sont justement ceux à qui l'on croit de préférence.

Autre chose : être insolent, est-ce un effet de force majeure? Oui, dira-t-on, car la colère nous jette hors de nous, nous enflamme, ne permet pas le repos à notre âme... L'insolence, mon cher auditeur, n'est pas un, effet de la colère, mais un effet de la petitesse d'âme. Si elle venait de la colère, tous les hommes irrités ne cesseraient pas de se montrer insolents. La colère nous a été donnée , non pour insulter le prochain , mais pour convertir les pécheurs, pour que nous nous réveillions, pour que nous ne tombions pas dans l'indolence. La colère est en nous comme un aiguillon, afin que nous grincions des dents contre le diable, afin que nous soyons violents contre lui, et non pour que nous nous fassions mutuellement la guerre. Nous avons des armes, non pour nous attaquer nous-mêmes, mais pour nous défendre contre l'ennemi. Vous êtes emporté? Montrez-vous tel contre vos péchés, frappez votre âme, flagellez votre conscience, soyez un juge irrité et impitoyable de vos propres péchés. Voilà l'avantage de la colère, voilà pourquoi Dieu nous l'a donnée.

Et l'usurpation, est-ce un effet de la nécessité? Nullement : quelle nécessité d'usurper, dites-moi? Qu'est-ce qui vous y force? La pauvreté, dira-t-on, et la crainte du besoin. C'est justement une raison pour ne pas usurper; car une richesse acquise ainsi est mal assurée. — Mais vous ressemblez à un homme à qui l'on demanderait pourquoi il fonde sa maison sur le sable, et qui répondrait : C'est à cause du froid, à cause de la pluie. C'est justement pour cela qu'il ne fallait pas bâtir sur le sable, car la pluie et les vents ont bientôt renversé de pareilles fondations. Si donc vous voulez être riche, respectez le bien d'autrui. Si vous voulez laisser une fortune à vos enfants, faites fortune honnêtement, à supposer que cela soit possible; voilà la richesse qui dure et subsiste inébranlable ; toute autre est vite perdue et dissipée.

Vous voulez être riche, dites-moi, et vous (447) prenez le bien des autres? Cependant la richesse ne consiste pas en cela, mais à conserver ce qu'on a en propriété; pour celui qui a le bien d'autrui, ce ne saurait être un riche; autrement, ceux qui revendent de riches étoffes qu'ils ont achetées d'autrui, devraient être appelés les plus riches des hommes; ces choses sont à eux pour un temps; néanmoins nous ne les appelons pas riches. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont en main que le bien d'autrui. A supposer que les étoffes soient à eux, ils n'en ont pas le prix; et quand bien même ils en auraient le prix, ce n'est pas là une richesse. Que si les choses qui s'échangent ne constituent pas une richesse, à cause de la promptitude avec laquelle nous nous en séparons, comment des biens usurpés feraient-ils un riche? Mais tu désires t'enrichir à tout prix (tu désires, car la nécessité n'y est pour rien) ; quel bien veux-tu donc avoir en plus grande abondance ? Est-ce une vie plus longue? Mais les hommes de cette espèce ne vivent pas longtemps. Souvent ils sont punis de leurs rapines et de leur convoitise par une fla prématurée qui les empêche de jouir longtemps de leurs acquisitions, et les conduit dans l'enfer, seul bien qu'ils aient gagné; souvent encore le luxe, les fatigues, les inquiétudes, leur causent des maladies qui les emportent.

Je voudrais savoir pourquoi la richesse excite l'ambition des hommes. Cependant si Dieu a prescrit des limites et des bornes à la nature, c'est pour que nous ne soyons nullement contraints de rechercher la richesse ; par exemple, il a voulu que nous eussions un vêtement ou deux pour nous couvrir; en avoir plus ne sert de rien pour cet usage. A quoi bon tant d'habillements qui ne servent qu'à nourrir les teignes? L'estomac de même n'a qu'une capacité bornée : le charger au-delà d'une certaine mesure est chose funeste à tout animal. A quoi bon tant de bétail, de bergeries, et tous ces massacres de viandes? Nous n'avons besoin que d'un toit pour nous abriter. A quoi bon les péristyles et les constructions dispendieuses? Pour loger les vautours et les corbeaux, vous dépouillez les pauvres. Quels tourments de l'enfer sont assez rigoureux pour une telle conduite? Combien de gens font bâtir dans des endroits qu'ils n'ont pas même vus des édifices tout resplendissants de colonnes et de marbres précieux (que ne vont-ils pas imaginer!) Et ils n'en jouissent pas, ni eux, ni personne : car l'isolement les retient; néanmoins ils continuent. Voyez-vous que l'amour du gain même n'est pour rien là dedans ? Tout cela a sa source dans la démence, la déraison, la vanité : fuyons ces vices, je vous en conjure, afin d'échapper aux autres maux, et d'obtenir les biens promis, à ceux qui l'aiment en Jésus-Christ Notre-Seigneur.

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Commentaire sur l'épître aux Éphésiens
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