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Œuvres Synésios de Cyrène (370-413) De regno ad Arcadium imperatorem De la royauté

10.

Tout d’abord c’est sur la piété, comme sur un ferme piédestal, que doit être solidement placée notre statue; les tempêtes ne l’ébranleront point, établie sur ce piédestal. La piété montera avec toi sur le trône ; elle brillera à tous les regards, de ces hauteurs où elle résidera. Ainsi je dis que le roi, sous la conduite de Dieu, doit d’abord régner sur lui-même, et commander à son âme. Sache en effet que l’homme n’est pas un être simple et sans mélange; c’est un composé dans lequel Dieu a fait entrer toutes sortes de penchants et de facultés. Nous sommes, j’ose le dire, plus monstrueux que l’hydre: elle avait un moins grand nombre de têtes; car la pensée, le désir, la tristesse, la colère, la joie, la crainte n’ont pas le même siège. Ajoute la diversité qui provient des sexes, le mâle plus audacieux, la femelle plus timide. Les sentiments les plus opposés se livrent combat; mais il y a, pour servir d’arbitre, cette faculté que nous appelons la raison; c’est elle qui doit régner dans l’âme d’un roi, et asservir à son autorité la tourbe tumultueuse des passions. On apprend vraiment à régner, si l’on commence par gouverner ses penchants naturels. L’homme qui a su dompter et rendre dociles les parties déraisonnables de l’âme, qui les a soumises au joug de la sagesse, qui les a toutes contraintes d’obéir à cette maîtresse unique, cet homme-là, simple particulier ou roi, a quelque chose de divin; mais surtout s’il est roi, car alors il communique sa vertu à des nations entières, et de ses qualités il fait les qualités de tous. Son cœur doit rester calme; sur ses traits mêmes doit siéger une auguste sérénité. Qu’il est doux et magnifique le spectacle offert par un roi qui, dans sa tranquille majesté, fait l’admiration de ses amis, je veux dire des gens de bien, et l’effroi de ses ennemis et des méchants ! Le repentir ne peut entrer dans son âme, car il ne fait rien où ne concourent les différentes parties de cette âme; une autorité supérieure établit entre toutes l’harmonie; chacune remplit ses fonctions, et elles s’accordent toutes pour un but unique. Mais si on leur donne libre carrière, si on leur permet d’exercer des actions opposées, et de tirailler ainsi l’âme en sens contraires, alors vous verrez l’homme, tantôt humble, tantôt superbe, devenir tour à tour le jouet du désir, de la crainte, de la tristesse, du plaisir, et de toute espèce d’affections. Il est sans cesse en contradiction avec lui-même.

Oui, je vais m’attirer des maux de toute sorte;

Mais la colère en moi sur la raison l’emporte,1 a dit un poète qui connaissait les luttes que se livrent en nous les passions.


  1. Je ne sais quel est ce poète cité par Synésius. ↩

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