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Werke Synesios von Kyrene (370-413) De prouidentia L'Égyptien ou De la providence
LIVRE I.

15.

Tout en vivant de la sorte, l’envie leur vient de s’emparer de la royauté : les démons, dans leur méchanceté, suggérant cette idée, préparaient ouvertement les voies au complot, et n’oubliaient rien pour en assurer l’exécution, à Thèbes et dans tout le reste du pays; car ils ne pouvaient assister sans colère à la ruine de Leur puissance. En effet, la sagesse était en honneur, la piété en progrès, l’injustice s’était enfuie, la concorde unissait tous les cœurs; on voyait fleurir tous les biens. Les Égyptiens ne connaissaient plus les larmes que de nom; partout régnait le bonheur, partout l’harmonie; l’État, comme un être vivant, avait une âme qui était la loi, et il lui obéissait docilement; il y avait accord complet entre le tout et chacune de ses parties. Dans leur courroux les démons veulent troubler cette félicité, et ils prennent, pour instruments, des êtres méchants comme eux. Deux femmes, dans le secret de leurs appartements, trament la conjuration. Le chef des soldats étrangers au service de l’Égypte avait une demeure dans la capitale; il était alors en campagne avec la plus grande partie de ses troupes pour soumettre quelques-unes de ses bandes qui s’étaient révoltées. Il leur faisait la guerre avec assez peu de succès ; plusieurs bourgades de l’Égypte avaient été fort maltraitées: c’était le début du drame que préparaient les démons. Souvent, la nuit aussi bien que le jour, l’épouse de Typhon venait chez la femme du chef; avec son astucieuse adresse elle persuade à cette barbare vieille et bornée qu’elle a pour elle beaucoup d’affection. « Des malheurs que j’ai prévus depuis longtemps, dit-elle, vont fondre sur vous tous, si les choses tournent au gré d’Osiris: il vous soupçonne de trahison, et s’imagine que cette guerre est concertée entre les barbares, et que c’est d’un commun accord qu’ils forment deux camps opposés. Il a donc résolu de faire revenir ton époux par force ou par ruse; et dès qu’il le tiendra désarmé, lui retirant alors son commandement, il le fera mourir avec toi et avec tes enfants; oui, ces enfants si bons, si beaux, il veut les égorger dans leur tendre jeunesse. » Et en pleurant elle embrassait ces petits innocents, avec des démonstrations de tendresse et de pitié. Alors la vieille Scythe se lamentait, se croyant déjà en présence et sous le coup de toutes ces infortunes. L’autre venait tous les jours renouveler ses craintes, en lui contant les secrets desseins formés contre eux: on voulait expulser les Scythes de toute l’Égypte ; pour assurer l’exécution de ce projet, Osiris renforçait secrètement son armée; il préparait toutes choses afin que les Égyptiens fussent seuls dans leur pays, après avoir tué ou chassé les barbares: rien ne serait plus facile; Osiris, par un édit, enlèverait au chef son commandement, et le réduirait à la condition d’un simple particulier, soumis aux lois ordinaires; après s’être ainsi débarrassé de lui, il ne doutait pas de venir aisément à bout de tous les autres. « Et maintenant, disait-elle, Typhon gémit dans son palais; car il vous aime, il a toujours usé de son autorité dans l’intérêt des barbares: si la royauté nous a échappé, c’est qu’ils n’étaient pas là au moment de l’élection; autrement vous pourriez maintenant insulter les Égyptiens, disposer de leurs biens à votre gré, et faire de vos maîtres vos esclaves. Mais alors vous n’avez pu nous être utiles, et aujourd’hui nous ne pouvons vous venir en aide. Nous n’en ressentons pas moins tous les malheurs qui viennent atteindre nos amis. » Après s’être ainsi emparée de l’esprit de la vieille, et l’avoir épouvantée par la perspective de maux inévitables, quand elle croyait l’avoir assez effrayée, alors, employant d’autres artifices, elle se mettait à rassurer la barbare, dont elle savait tourner l’esprit dans tous les sens; elle lui rendait courage et lui donnait toute sorte d’espérances. « Mais, ajoutait-elle, c’est une grande entreprise, et qui exige un singulier courage, d’établir assez notre indépendance pour qu’Osiris n’ait plus sur vous droit de vie et de mort. » Ce fut d’abord à mots couverts qu’elle parla de révolte, puis un peu plus clairement; enfin elle s’expliqua sans détours, habituant l’autre insensiblement à tout entendre, à tout oser. A la crainte elle fit succéder en elle la hardiesse, en lui persuadant que la puissance d’Osiris serait bientôt renversée, si les Scythes le voulaient. « La loi, dit-elle, et le respect qu’une longue tradition inspire dans ce pays pour la royauté, soumettent les cœurs lâches à une servitude volontaire; mais ce ne sont que de faibles obstacles pour celui qui veut secouer le joug; on est libre quand on a la force, si l’on ne se laisse pas dominer par l’empire de l’habitude. N’ayons pas de ces faiblesses. Vous êtes armés ; Osiris, lui, ne sait qu’adresser des prières aux dieux, conférer avec des ambassadeurs, juger des procès; il n’a que des occupations toutes pacifiques. Si nous unissons, pour une œuvre commune, nous notre noblesse et vous vos bras, Osiris ne pourra nuire à aucun Scythe. On dira de vous, non pas que vous avez fait une révolution, ni bouleversé l’Égypte, ni changé les lois qui régissent l’État, mais que vous l’avez au contraire affermi et réglé dans les meilleures conditions, si vous donnez le pouvoir royal à Typhon, qui, sorti de la même race qu’Osiris, est d’ailleurs l’aîné, et doit régner à plus juste titre sur l’Égypte. Aussi les Égyptiens, la chose est certaine, ne songeront même pas à vous résister, en voyant combien il y a peu de changements introduits dans l’État. Nous aurons l’apparence du pouvoir; vous en aurez, vous, la réalité, et l’Égypte vous sera livrée comme une proie à dévorer. Tâche seulement de persuader ton mari, et tu le persuaderas, j’y compte. »

Elles firent donc ensemble leurs conventions. Quand on annonça le retour prochain du chef, d’habiles émissaires propagèrent de sourdes rumeurs; ils parlaient tout bas de pièges: par cette réserve calculée ils dénonçaient, plus sûrement que s’ils avaient crié bien fort, les périls qu’ils semblaient vouloir cacher. Puis on semait l’alarme par des écrits mystérieux, où l’on recommandait de se tenir en garde contre le danger. Bientôt quelques-uns dirent tout haut qu’ils voulaient se préserver des embûches; d’autres se prononcèrent encore plus ouvertement; et après eux toute la foule des partisans de Typhon, associés au complot tramé par les femmes. Ces femmes elles-mêmes, pour mettre la dernière main à leur œuvre, après avoir préparé toutes les parties du drame, vont à la rencontre des Scythes. Typhon à son tour, sous quelque faux prétexte, sort de la ville, se rend en secret auprès du chef, et conclut avec lui son marché en vue de la royauté. Il le presse d’exécuter tout de suite leur entreprise. Périsse, s’il le faut, la ville royale avec Osiris. Il y consent, lui, Typhon, car le reste de l’Égypte lui suffit: « D’ailleurs, ajoute-t-il, il faut que cette opulente cité où résident tous les grands du pays soit livrée à tes soldats, pour qu’ils y trouvent de quoi s’enrichir par le pillage. » C’est ainsi que l’excellent Typhon sacrifiait Thèbes, en haine de ses habitants trop attachés à Osiris. Mais le Scythe refusa cette offre: il avait, disait-il, trop de respect pour la majesté du sénat, pour les vertus du peuple, pour les droits des magistrats civils; ce n’était pas de son plein gré qu’il s’insurgeait, mais contraint, et contraint par Osiris ; s’il réussissait à le vaincre sans lui faire perdre la vie, sans ruiner la ville et le pays, il s’estimerait heureux de n’avoir pas été forcé de faire plus de mal.

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L'Égyptien ou De la providence

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