1.
Voici une fable Égyptienne. Les Égyptiens sont renommés pour leur sagesse. Puisque c’est d’eux que nous vient cette fable, si c’est bien une fable, elle doit cacher un sens profond. Mais si dans ce récit il faut voir, au lieu d’une fiction, la vérité même, il n’en est que plus digne d’être conservé par la tradition et par l’histoire. Osiris et Typhon étaient frères, issus du même sang; mais il n’en est point de la parenté des âmes comme de celle des corps. Il ne suffit pas que dans ce monde deux hommes doivent le jour au même père et à la même mère : ce qui fait la véritable affinité des âmes, c’est quand elles viennent d’une seule et même source. Or il y a deux sources différentes: l’une est lumineuse, l’autre obscure. Celle-ci, se frayant difficilement une route à travers les obstacles, sort des profondeurs de la terre, comme pour braver la volonté divine; l’autre descend du ciel: les âmes qui naissent de cette source sont envoyées ici-bas pour régir sagement les choses humaines; quand elles viennent pour établir l’ordre et la règle, il leur est recommandé de ne pas se laisser gâter par le contact du mal et du vice. D’après la loi instituée par Thémis, toute âme qui a pu, dans son passage sur cette terre, se garder pure de toute souillure, remontera plus tard, par le même chemin, pour aller se replonger dans la source d’où elle est sortie. Mais celles qui viennent de la terre devront rentrer, ainsi le veut la nature, dans les abîmes profonds,
Noir séjour de la Haine et de l’Iniquité,
Et de tous les fléaux errant avec Até.1
Vers tirés d’Empédocle. ↩
