IV.
Telle est, autant queje puis savoir, la première hiérarchie des cieux; rangée comme en cercle autour de la divinité, elle l'environne immédiatement, et, parmi les joies d'une connaissance permanente, elle tressaille dans la merveilleuse fixité de cet élan sublime qui emporte les anges. Elle jouit d'une foule de suaves et pures visions; elle brille sous le doux reflet de la clarté infinie; elle est nourrie d'un aliment divin, tout à la fois abondant, puisque c'est la première distribution qui s'en fait, et réellement un, et parfaitement identique, à cause de la simplicité de l'auguste substance. Bien plus, elle a l'honneur d'être associée à Dieu, et de coopérer à ses oeuvres, parce qu'elle retrace , autant que peut la créature, les perfections et les opérations divines. Elle connaît d'une façon suréminente plusieurs ineffables mystéres, et entre, selon sa capacité, en participation de la science du Très-haut. Effectivement la théologie a enseigné à 1'humanité les hymnes que chantent ces sublimes esprits, et ou l'on découvre l 'excellence de la lumière qui les inonde : car, pour parler le langage terrestre, quelques-uns d'entre eux répètent avec le fracas des grandes eaux : Bénie soit la gloire de Dieu du saint lieu où il réside 1 ! Et d'autres font retentir ce majestueux et célèbre cantique : Saint, saint, saint est le Seigneur des armées; toute la terre est pleine de sa gloire 2 !
Mais nous avons expliqué à notre façon ces chants sacrés des cieux dans le traité des hymnes divins, où il nous semble avoir éclairci suffisamment cette matière. Je me contente de rappeler ici que la première hiérarchie, initiée par l'infinie charité à la connaissance des divins mystères, les transmet avec bienfaisance aux hiérarchies inférieures. Pour tout dire en un mot, elle leur enseigne que la majesté terrible, digne de toute louange, et au-dessus de toute bénédiction, doit être connue et glorifiée autant qu'il se peut par les intelligences auxquelles le Seigneur se communique, puisqu'au témoignage de l'Ecriture, elles sont, par leur sublimité divine, comme d'augustes et saints lieux ou la divinité repose. Elle leur enseigne que l'unité très simple subsistant en trois Personnes embrasse dans les soins de sa providence la création entière, depuis les plus nobles essences des cieux jusqu'aux plus viles substances de la terre; car elle est le principe éternel et la cause de toutes les créatures qu'elle étreint par un lien merveilleux , ineffable.