§ 1.
— Après les Esquisses théologiques, j'ai dessein maintenant, heureux ami, dans la mesure de mes forces, d'entreprendre l'explication des Noms divins. Qu'ici encore notre loi Soit celle qu'on a déjà définie d'après les textes saints: ne pas démontrer la vérité des paroles divines par des probabilités tirées d'une sagesse humaine, mais bien par une révélation de cette puissance qui vient aux théologiens de l'Esprit et qui nous fait adhérer sans parole et sans savoir aux réalités qui ne se disent ni ne se savent, unis à elles à notre façon au delà des puissances et des forces de la raison et de l'intelligence. C'est, en effet, une règle universelle qu'il faut éviter d'appliquer témérairement aucune parole, voire même aucune pensée à la Déité suressentielle et secrète, à l'exception de ce que nous ont révélé divinement les saintes Ecritures.
L'inconnaissance de cette sur-essentialité même qui dépasse raison, pensée et essence, tel doit être l'objet de la science suressentielle; aussi ne devons-nous lever les yeux vers le haut que dans la mesure où se manifeste à nous le Rayon même des saintes paroles théarchiques, nous ceignant, pour recevoir les plus hautes lumières, de cette sobriété et de cette sainteté qui conviennent aux objets divins. S'il faut faire confiance, en effet, à une théologie toute sage et parfaitement vraie, c'est dans la mesure qui convient à chaque intelligence que les secrets divins se manifestent et se révèlent, puisque c'est la Bonté même de la Théarchie qui, dans sa justice salvatrice, offre divinement aux êtres mesurables, comme une réalité infinie, sa propre incommensurabilité. Car, de même que les intelligibles ne sauraient être saisis ni contemplés par les sensibles, de même que les objets simples et non-modelés échappent à tout ce qui a forme et contour, et comme rien de ce qui a revêtu figure de corps ne peut toucher l'incorporel ni schématiser l'infigurable, — selon le même raisonnement véridique, toute essence est transcendée par l'Indéfini suressentiel, comme toute intelligence par l'Unité qui est ait delà de l'intelligence, et aucune raison discursive ne peut discourir de l'Un qui dépasse tout discours, ni aucune parole rien exprimer du Bien qui est au dessus de toute parole, Monade unificatrice de toute monade, Essence suressentielle, Intelligence intelligible et Parole ineffable, exemple de raison, d'intelligence et de nom, n'ayant d'être selon le mode d'aucun être, cause ontologique de tout être et en même temps, parce qu'elle est située au delà de toute essence, totalement exclue de le catégorie de l'être, selon la révélation qu'elle fait d'elle-même da a maîtrise et son savoir.