§ 1.
La substance entière de la Théarchie, quelle qu'elle puisse être, les Ecritures la célèbrent comme définie et manifestée par son caractère de bienfaisance. Comment interpréter autrement l'enseignement de la Sainte théologie, disant que la Théarchie elle-même s'est révélée en ces termes « Pourquoi m'interroges tu sur le bien? Nul n'est bon si ne n'est Dieu seul. » (Mat, XIX, 17). Or on a déjà touché à ce point et démontré ailleurs que les Ecritures usent toujours des noms de Dieu qui sont dignes de lui pour célébrer indistinctement la Déité pleine et entière, totale et indivisée, attribuant ces noms totalement indistinctement, absolument, indifféremment, universellement à l'entière totalité de la Déité totale et entière.
Ainsi, comme on l'a rappelé dans les Esquisses théologiques, ne point attribuer ce nom à la Déité entière, ce serait blasphémer et déchirer par une audace criminelle l'Unité qui transcende toute unité. Il faut donc dire que ce nom convient à l'entière Déité, car c'est ainsi qu'a parlé lui-même le Verbe essentiellement bon: « Je suis bon » Matth., XX., 15, cependant qu'un des prophètes inspiré de Dieu célèbre également la bonté de l'Esprit Ps. CXLII, 10. Si, d'ailleurs, l'on prétend restreindre le sens de la parole : « Je suis Celui qui suis Exod. III, 14 » à une partie de la Déité au lieu d'y voir la louange de la Déité tout entière, comment faudrait-il entendre alors cette autre parole: « Voilà ce que dit Celui qui est, qui fut et qui viendra, le Tout puissant Apoc. I, 4 » et cette autre encore: « Tu es identique à toi-même Ps. CXLIX, 28 » et cette autre aussi: « L'Esprit de vérité, qui est, qui procède du Père Jean, XV, 26»? Et si l'on prétend que la Théarchie entière n'est pas Vie, comment serait-elle vraie alors, la parole sacrée : « Comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, ainsi le Fils vivifie ceux qu'il lui plait de vivifier Jean, V, 21 », et celle-ci encore « C'est l'Esprit qui vivifie Ibid., VI, 64 »? Et de même c'est à la Déité entière qu'appartient l'universelle seigneurie. On ne saurait dénombrer, semble-t-il, les passages où la théologie attribue tant à la Déité engendreuse de Dieu qu'à la Déité du Fils le nom de Seigneur, l'appliquent, au Père comme au Fils. Et l'Esprit n'est pas moins Seigneur.
Il en est de même pour la Beauté et la Sagesse, louanges qui appartiennent à l'entière Déité, et aussi pour la Lumière, la Déification, la Causalité et tout ce qui se dit de l'entière Théarchie. Ces noms, l'Ecriture en use pour célébrer la Théarchie entière, soit de façon globale, en affirmant: « Tout vient de Dieu Cor. XI, 10 », soit plus précisément en disant « Tout a été fait par lui et pour lui Jean, I, 3 » et « Tout subsiste en lui Rom., XI, 36» et encore « Tu enverras ton Esprit et ils seront créés Ps. CII, 30 ». Et pour trancher le débat d'un mot, c'est le Verbe théarchique lui-même qui a dit: « Le Père et Moi, nous sommes Un Jean X, 30 » et: « Tout ce qu'a le Père, Je l'ai aussi Ib. XVI, 15 », et encore: « Tout ce qui est mien est tien, et tout ce qui est tien est mien Ibid., XVII, 10 ». Ajoutons une fois de plus que tout ce qui appartient ensemble au Père et à lui-même, le Verbe l'attribue également à l'Esprit théarchique comme une réalité commune et unique les opérations divines, le caractère vénérable, la causalité d'une source inépuisable, la distribution des dons qui con viennent à l'infinie Bonté. Quiconque est nourri des saintes Ecritures, à moins d'avoir l'esprit perverti, accordera, je pense, que tout ce qui se dit proprement de Dieu convient à la Théarchie entière selon sa parfaite et divine raison. Ayant ainsi démontré et défini ces vérités, ici de façon brève et partielle, mais ailleurs avec assez de détails et de références scripturaires, disons que, quel que soit le nom intégral de Dieu qu'il s'agit d'expliquer, il faut l'appliquer à la Déité entière.