§ 6.
Ainsi instruits, les théologiens la louent tout ensemble de n'avoir aucun nom et de les posséder tous. De n'avoir aucun nom, puisqu'ils rapportent que la Théarchie elle-même dans une des visions mystiques où elle se manifeste symboliquement, gourmanda celui qui lui demandait: « Quel est ton nom? (Gen., XXXII, 29) », et, pour le détourner de toute connaissance capable de s'exprimer par un nom, lui parla ainsi: « Pourquoi me demander mon nom? il est admirable. (Juges XIII, 18) » Et n'est-il pas effectivement admirable, ce nom qui dépasse tout nom, ce nom anonyme, « transcendant à tout nom qui se nomme, en ce siècle, comme dans le siècle à venir (Eph., 1, 21) »? D'avoir pluralité de noms, lorsqu'ils la décrivent ensuite disant d'elle-même: « Je suis Celui qui suis (Exod., III, 14) », ou encore Vie, Lumière, Dieu, Vérité(Jean, XIV, 6 et VIII, 12; Gen., XXVIII, 13); et quand les connaisseurs de Dieu célèbrent par des noms multiples la cause universelle de tout effet en partant de tous ses effets, comme Bonté, Beauté, Sagesse, comme Digne d'amour, Dieu des dieux, Seigneur des seigneurs, Saint des saints, Eternel, Etre et Cause des âges, ou encore Chorège de vie, Sagesse, Intelligence, Raison, Science, comme Possession au suprême degré des trésors universels de toute connaissance, comme Puissance, Puissante, Roi des rois, Ancien des jours, comme Jeunesse éternelle et Immutabilité, comme Salut, comme Justice, comme Sanctification, comme Rédemption, comme surpassant toute grandeur et manifestée à l'homme à travers un vent léger. Ils affirment en outre que [ce Principe divin] appartient aux intelligences, aux âmes et aux corps, au ciel et sur terre, qu'il est ensemble identique dans l'identique, au sein de l'univers, autour de l'univers, au delà de l'univers, au delà du ciel, Suressentiel, Soleil, Etoile, Feu, Eau, Esprit, Rosée, Nuée, Roc absolu, Pierre, en un mot tout ce qui est et rien de ce qui est.