§ 6.
De même si l'on appelait Dieu Semblable en tant qu'il est identique et parce qu'il est totalement et partout semblable à soi-même, de façon unique et indivisible, nous n'aurions aucun reproche à faire à l'usage de ce nom de Semblable pour désigner Dieu. Mais en même temps, les théologiens affirment qu'en soi-même et dans sa totale transcendance, Dieu n'est semblable à rien, et que pourtant la même Similitude divine se répand sur ceux qui se tournent vers elle lorsqu'ils imitent à la mesure de leurs forces Celui qui est, de façon totalement transcendante, et leur définition et leur raison. Et telle est la puissance de cette Similitude divine qu'elle retourne vers leur cause tous les êtres qu'elle produit. C'est pourquoi il faut dire que les créatures mêmes ressemblent à Dieu, qu'elles sont faites « à l'image et à la ressemblance de Dieu (Genèse I, 26) ». Dieu pourtant ne leur ressemble pas plus qu'un homme ne ressemble à sa propre image.
Si on considère des réalités de même rang, il se peut bien qu'elles soient semblables les unes aux autres, qu'entre elles la similitude soit réciproque et qu'elles soient mutuellement semblables, en vertu de la préexistence en elles d'une forme semblable. Mais, quand il s'agit de la relation de cause à effet, nous ne pouvons admettre aucune réciprocité. Car ce n'est pas seulement à ceci ou à cela que Dieu accorde la similitude, mais c'est à tous les êtres qui participent à la similitude qu'il confère cette similitude, et il constitue lui-même jusqu'à la substance de la similitude en soi. Rien, par conséquent, ne possède nulle part aucune similitude qu'il ne doive à quelque trace en lui de la Similitude divine, et c'est cette Similitude qui accomplit toute union.