XXXVII.
Une puissance, ministre de la volonté divine, préside aux soins de semer l'homme dans l'utérus, de le former, de l'élaborer progressivement, quelles que soient les lois qu'elle ait mission d'exécuter. Frappée de ces |77 considérations, la superstition romaine inventa aussi une déesse Alémona, chargée de nourrir le fœtus dans le sein maternel; une Nona et une Décima, à cause des mois les plus difficiles; une Partula, pour gouverner l'accouchement; et enfin une Lucine, pour produire l'enfant à la lumière. Pour nous, nous confions à un ange ces fonctions divines. Le fétus est donc un homme dans le sein maternel aussitôt qu'il est complètement formé. La loi de Moïse, en effet, punit par le talion, quiconque est coupable d'avortement, puisque le principe qui fait l'homme existe, puisqu'il peut déjà vivre et mourir, puisqu'il est déjà soumis aux vicissitudes humaines, quoique vivant encore dans sa mère, il participe à tout ce qu'éprouve sa mère.
Je dirai aussi un mot de l'époque où l'âme naît, afin d'embrasser toute la question. La naissance régulière a lieu vers l'entrée du dixième mois. Ceux qui supputent les nombres honorent aussi la décade comme le nombre générateur de tous les autres, et complétant d'ailleurs la naissance humaine. Pour moi, j'aime mieux rapporter à Dieu la mesure de ce temps, afin que ces dix mois soient plutôt l'initiation de l'homme au décalogue, et que l'espace nécessaire à sa naissance soit égal au nombre des préceptes auxquels il devra sa renaissance. Mais puisque la naissance est achevée au septième mois, je lui accorderais plus volontiers qu'au huitième, l'honneur de rappeler le sabbat, de sorte que le mois où l'image de Dieu est produite à la lumière, correspond par intervalles au jour où se consomma la création divine. Il a été permis à la naissance de prendre les devants et de se rencontrer si exactement avec la semaine, comme un présage de résurrection, de repos et de royauté. Voilà pourquoi l'ogdoade1 ne nous engendre pas. « Alors en effet il n'y aura plus de mariage. »
Nous avons déjà établi l'union de l'âme et du corps à partir de l'indivisible mélange des semences elles-mêmes |78 jusqu'à l'ancienne formation du fétus: nous la maintenons encore en ce moment à dater de la naissance. D'abord, elles croissent ensemble, mais chacune à leur manière, selon la diversité de leur genre, la chair en volume, l'âme en intelligence; la chair en extérieur, l'âme en sentiment. D'ailleurs il n'est pas vrai que l'âme croisse en substance, de peur que l'on ne dise qu'elle décroît également en substance, et qu'on en conclue qu'elle s'éteint. Mais sa puissance intime, dans laquelle résident tous les trésors dont elle a été dotée à sa naissance, se développe par degrés avec la chair, tandis que la portion originaire de substance qu'elle a reçue avec le souffle divin ne change pas. Prenez une certaine quantité d'or ou d'argent, masse encore grossière. Sa forme resserrée, et moindre que sa forme future, contient toutefois dans les limites de ses dimensions tout ce qui est la nature de l'or. Ensuite, lorsque la masse est allongée en lame, elle devient plus grande qu'à son origine, par la dilatation d'un poids qui reste le même. mais non par son accroissement, en s'étendant, mais non en augmentant, quoiqu'il y ait accroissement pour elle, lorsqu'elle s'étend ainsi. En effet, elle peut croître en dimensions extérieures, quoique la substance soit immuable. Alors l'éclat de l'or et de l'argent, qui existait déjà dans le bloc, obscurci quoique réel, brille avec plus d'intensité: alors arrivent tantôt une modification, tantôt une autre, suivant la malléabilité de la matière, et d'après la volonté de celui qui la travaille; mais sans rien ajouter à sa mesure, que la forme. Il en est de même des accroissements de l'âme; ils n'atteignent point sa substance; ils la développent2.
