Edition
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De corona militis
I
[1] Proxime factum est. Liberalitas praestaatissimoram imperatorum expungebatur in castris, milites laureati adibant. Adhibetur quidam illic magis Dei miles, ceteris constantior fratribus qui se duobus dominis seruire posse praesumpserant. Solus libero capite, coronamento in manu otioso, uulgato iam et ista disciplina christiano, relucebat. [2] Denique singuli designare et ludere eminus, infrendere comminus. Continuo murmur; tribuno defertur et persona: iam ex ordine decesserat. Statim tribunus: "Cur, inquit, tam diuersus habitus?" Negauit ille sibi cum ceteris licere. Causas expostulatus, "christianus sum" respondit. O militem gloriosum in Deo! Suffragia exinde, et res ampliata et reus ad praefectos. [3] Ibidem grauissimas paenulas posuit, releuari auspicatus, speculatoriam morosissimam de pedibus absoluit, terrae sanctae insistere incipiens, gladium nec dominicae defensioni necessarium reddidit, laurea et de manu claruit. Et nunc, rufatus sanguinis sui spe, calciatus de euangelii paratura, succinctus acutiore uerbo dei, totus de apostolo armatus et de martyrii candida melius coronatus, donatiuum Christi in carcere expectat. [4] Exinde sententiae super illo, — nescio an christianorum: non enim aliae ethnicorum —, ut de abrupto et praecipiti et mori cupido, qui de habitu interrogatus nomini negotium fecerit, solus scilicet fortis inter tot fratres commilitones, solus christianus. Plane superest ut etiam martyria recusare meditentur, qui prophetias eiusdem spiritus sancti respuerunt. [5] Mussitant denique tam bonam et longam pacem periclitari sibi. Nec dubito quosdam scripturas emigrare, sarcinas expedire, fugae accingi de ciuitate in ciuitatem. Nullam enim aliam euangelii memoriam curant. Noui et pastores eorum: in pace leones et in proelio ceruos. Sed de quaestionibus confessionum alibi docebimus. [6] At nunc, quatinus et illud opponunt: "Vbi autem prohibemur coronari?", hanc magis localem substantiam causae praesentis aggrediar, ut et qui ex sollicitudine ignorantiae quaerunt instruantur, et qui in defensionem delicti contendunt, reuincantur, ipsi uel maxime christiani laureati, quibus id solum quaestio est, quasi aut nullum aut incertum saltem habere possit delictum quod patiatur quaestionem. Nec nullum autem nec incertum hinc interim ostendam.
Übersetzung
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De la couronne du soldat
I.
Voici ce qui arriva les jours passés. Les très-puissants empereurs distribuaient des largesses dans le camp. Les soldats se présentaient la couronne de laurier sur la tête. L'un d'eux, plus soldat de Dieu, plus intrépide que tous ses compagnons, « qui s'imaginaient pouvoir servir deux maîtres, » se distinguait de tous les autres, parce qu'il s'avançait la tête nue, et tenant à la main sa couronne inutile, manifestant ainsi qu'il était chrétien. Tous de le montrer au doigt; de loin, on le raille; de près, on s'indigne. La clameur arrive jusqu'au tribun: le soldat se présente à son rang. ---- Pourquoi, lui dit aussitôt le tribun, es-tu si différent des autres? ---- Je ne puis, répondit-il, faire comme eux. Sur ce qu'on lui en demandait la cause: Je suis Chrétien, répliqua-t-il. ---- O soldat, glorieux dans le Seigneur! On délibère sur ce refus; on instruit l'affaire; il est traduit devant les préfets. Là, commençant à se dépouiller, il dépose son lourd manteau, il quitte sa chaussure des plus incommodes, marche avec respect sur la terre sainte, rend son épée, qui n'est plus nécessaire à la défense du Seigneur, et laisse tomber sa couronne de sa main. Maintenant, couvert en espérance de son sang, chaussé comme le demande l'Evangile, prenant la parole de Dieu pour glaive, armé complètement par l'Apôtre, et couronné de la blanche couronne du martyre, plus glorieuse que l'autre, il attend dans un cachot |130 la largesse de Jésus-Christ. Aussitôt voilà mille jugements sur son compte. Viennent-ils des Chrétiens ou des païens? je l'ignore; car les païens ne tiendraient pas un autre langage. On en parle comme d'un étourdi, d'un téméraire, d'un désespéré qui cherche la mort et qui, interrogé sur son extérieur, a mis en péril le nom chrétien, comme s'il n'y avait que lui de brave, comme s'il était le seul chrétien parmi tant de compagnons! Il ne leur reste assurément qu'à répudier le martyre, puisqu'ils ont méconnu les prophéties du même Esprit saint. Eh quoi! murmurent-ils sourdement, compromettre cette paix si favorable et si prolongée! Je n'en doute pas, quelques-uns commencent déjà à détourner le sens des Ecritures, à préparer leurs bagages, « et à fuir de cité en cité. » Car de tous les textes de l'Evangile, ils ne se souviennent que de celui-là. Je connais leurs pasteurs, lions pendant la paix, cerfs pendant la guerre. Mais nous traiterons ailleurs les questions qui concernent le martyre. Contentons-nous de répondre aujourd'hui à l'objection qu'ils nous opposent: Où nous est-il défendu de porter une couronne? Je commencerai plus volontiers par ce point, qui est tout le fonds de la matière présente, afin d'instruire ceux qui veulent par cette question éclairer leur ignorance, ou de convaincre ceux qui s'opiniâtrent à défendre leur faute, m'adressant surtout à ces Chrétiens qui ont été couronnés de laurier, les seuls qui soulèvent cette difficulté, comme si la prévarication mise en discussion était nulle ou tout au moins incertaine. Nulle ou incertaine, je leur prouverai dans un moment qu'elle ne l'est pas.