Edition
Masquer
De corona militis
III
[1] Et quamdiu per hanc lineam serram reciprocabimus, habentes obseruationem inueteratam, quae praeueniendo statum fecit? Hanc si nulla scriptura determinauit, certe consuetudo corroborauit, quae sine dubio de traditione manauit. Quomodo enim usurpari quid potest, si traditum prius non est? Etiam in traditionis obtentu exigenda est, inquis, auctoritas scripta. [2] Ergo quaeramus an et traditio nisi scripta non debeat recipi. Plane negabimus recipiendam, si nulla exempla praeiudicent aliarum obseruationum, quas sine ullius scripturae instrumento, solius traditionis titulo et exinde consuetudinis patrocinio uindicamus. Denique, ut a baptismate ingrediar, aquam adituri ibidem, sed et aliquanto prius in ecclesia, sub antistitis manu, contestamur nos renuntiare diabolo et pompae et angelis eius. [3] Dehinc ter mergitamur amplius aliquid respondentes quam Dominus in euangelio determinauit. Inde suscepti, lactis et mellis concordiam praegustamus, exque ea die lauacro quotidiano per totam ebdomadem abstinemus. Eucharistiae sacramentum, et in tempore uictus et omnibus mandatum a Domino, etiam antelucanis coetibus nec de aliorum manu quam praesidentium sumimus. Oblationes pro defunctis, pro nataliciis, annua die facimus. [4] Die dominico ieiunium nefas ducimus, uel de geniculis adorare. Eadem immunitate a die Paschae in Pentecosten usque gaudemus. Calicis aut panis etiam nostri aliquid decuti in terram anxie patimur. Ad omnem progressum atque promotum, ad omnem aditum et exitum, ad uestitum, ad calciatum, ad lauacra, ad mensas, ad lumina, ad cubilia, ad sedilia, quacumque nos conuersatio exercet, frontem signaculo terimus.
Traduction
Masquer
De la couronne du soldat
III.
Jusques à quand mènerons-nous et ramènerons-nous la scie par cette ligne, puisque nous avons l'observance ancienne qui, par son antériorité, fait loi. Si l'Ecriture ne l'a point déterminée, toujours est-il que la coutume, qui sans doute est provenue de la tradition, la fortifie: en effet, comment l'usage s'établirait-il s'il n'avait sa source dans la tradition? Tu me diras encore que pour valider la tradition il faut une autorité écrite. Examinons donc si on ne doit admettre de tradition que celle qui est écrite. Nous affirmerons volontiers qu'il ne faut pas la recevoir, si elle n'a en sa faveur le préjugé d'autres institutions que nous maintenons sans pouvoir alléguer aucun texte de l'Ecriture, à titre seul de tradition, et sur l'autorité de la coutume. Pour commencer par le baptême, avant de descendre dans l'eau, sur le lieu, et un peu avant l'église, nous jurons, sous la main du pontife, que nous renonçons à Satan, à ses pompes et à ses anges; ensuite nous sommes plongés trois fois, répondant quelque chose de plus que le Seigneur n'a précisé dans son Evangile. Au sortir de là, nous goûtons pour la première fois la concorde du lait et du miel; à dater de ce jour, nous nous abstenons du bain quotidien toute la semaine. Nous recevons le Sacrement de l'Eucharistie dans des assemblées qui ont lieu avant le jour, et seulement de la main de ceux qui président, quoique le Seigneur l'ait confié à tous et à l'heure du repas. Nous faisons annuellement des oblations pour les défunts et pour les nativités des martyrs. Nous regardons comme inconvenant de jeûner le jour du Seigneur et de prier à genoux. Nous jouissons de la même immunité depuis le jour de Pâques jusqu'à la Pentecôte. Que quelque chose de notre calice, ou de notre pain tombe à terre, nous le souffrons avec douleur. S'agit-il de nous mettre en voyage ou de marcher, d'entrer ou de sortir, de nous habiller, de nous chausser, de descendre au bain, de nous mettre à table, de prendre de la lumière, de nous asseoir, ou d'entrer |133 au lit, quelque chose que nous fassions, nous marquons notre front du signe de la croix.