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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Retractationes

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Le Rétractations

3.

Ainsi donc, que les Pélagiens, ces nouveaux hérétiques qui affirment le libre arbitre au point de ne plus laisser place à la grâce de Dieu, puisqu’ils prétendent que cette grâce est donnée selon nos mérites; que les Pélagiens ne s’exaltent pas comme si j’avais soutenu leur cause, en disant du libre arbitre beaucoup de choses qu’exigeait la nature de cette (315) discussion. Ainsi, par exemple, dans le premier livre, j’ai dit que la justice de Dieu tirait vengeance des méfaits, et j’ai ajouté : « Ces méfaits ne seraient pas punis justement, s’ils n’étaient pas l’oeuvre de la volonté 1.» Comme, de plus, je démontrais que la bonne volonté elle-même est un grand bien, et si grand, qu’il est à bon droit préférable à tous les biens corporels et extérieurs, j’ai dit : « Vous voyez déjà, je pense, qu’il dépend de notre volonté de jouir ou d’être privés d’un bien si vrai et si grand; qu’y a-t-il en effet qui soit autant dans la volonté que la volonté elle-même 2? » Et ailleurs: « Pourquoi donc, je le demande, songerions-nous à douter que, n’eussions-nous jamais été sages auparavant, c’est par la volonté que nous méritons et que nous menons une vie louable et heureuse, comme c’est par la volonté que nous méritons et que nous menons une vie honteuse et misérable 3? » Dans un autre endroit encore: « Il suit de là, je le répète, que quiconque veut vivre régulièrement et honnêtement, s’il s’attache à ce vouloir par préférence aux choses passagères, acquiert un si grand bien avec tant de facilité, qu’il ne lui faut, pour avoir ce qu’il a voulu, que le vouloir 4. »

Ailleurs, j’ai dit aussi : « Cette loi éternelle, à la considération de laquelle il est temps de revenir, a établi avec une fermeté inébranlable que le mérite est dans la volonté, la récompense et le supplice dans la béatitude et la misère 5. » Et ailleurs: « Ce que chacun choisit de suivre et d’embrasser, est positivement au pouvoir de la volonté 6 » Dans le second livre : « L’homme lui-même, en tant qu’homme, est quelque chose de bon, puisque, quand il veut bien vivre, il le peut 7. » J’ai dit encore en un autre endroit: « Rien ne se peut faire de bien sans le libre arbitre de la volonté 8. » Dans le troisième livre : « Qu’est-il besoin de chercher d’où vient ce mouvement qui éloigne la volonté du bien immuable et l’entraîne au bien passager; puisque nous avouons qu’il ne saurait être qu’un mouvement de l’âme, mouvement volontaire, et par suite mouvement coupable; et tout ce qu’on peut enseigner d’utile là-dessus n’a pour effet que de nous faire condamner et comprimer ce mouvement pour diriger notre volonté vers la jouissance du bien éternel en la relevant des chutes vers les choses temporelles 9? » Et ailleurs : « Votre réponse est le cri de la vérité même; autrement vous ne pourriez sentir qu’il n’y a en notre puissance que ce que nous faisons quand nous le voulons. Aussi n’est-il rien tant en notre pouvoir que la volonté même. Car aussitôt que nous voulons, elle est là sous la main et sans retard 10. » De même, en un autre endroit: « Si vous êtes loué de voir ce que vous devez faire, bien que vous ne le voyiez que dans Celui qui est l’immuable vérité, combien plus louable est Celui qui a ordonné de vouloir, qui en a donné le pouvoir et qui ne permet point qu’on ne veuille pas impunément? » Et j’ai ajouté : « Si chacun doit ce qu’il a reçu et si l’homme est ainsi fait qu’il pèche par nécessité, pécher est un devoir pour lui. Donc quand il pèche, il fait ce qu’il doit. Mais c’est un crime de parler de la sorte; personne n’est donc par sa nature nécessité à pécher 11. » Et encore : « Quelle pourrait être avant la volonté, la cause de la volonté? En effet, ou c’est la volonté même, et on ne se sépare pas de cette racine de la volonté; ou bien ce n’est pas la volonté, et alors elle est sans péché. Donc, ou la volonté est la cause première du péché, ou la cause première du péché n’est pas un péché, et on ne peut imputer le péché si ce n’est au pécheur. On ne peut donc imputer le péché qu’à celui qui l’a voulu 12. » Et un peu plus loin: « Qui pèche en un acte dont on ne peut aucunement se garder? Or on pèche; donc on peut s’en garder 13. » Voilà le témoignage que Pélage m’a emprunté dans un de ses livres; j’ai répondu à ce livre et j’ai voulu que mon traité eût pour titre: De la Nature et de la Grâce.


  1. Liv. I, C. I, n. 1.  ↩

  2. Ibid. C. XII, n, 26.  ↩

  3. Ibid. C. XIII, n. 28. ↩

  4. Ibid. n. 29.  ↩

  5. Ibid. C. XIV, n. 30.  ↩

  6. Ibid. C. XVI, n. 34.  ↩

  7. Liv. II, C. I, n. 2.  ↩

  8. Ibid. C. XVIII, n. 47. ↩

  9. Liv. III, C. I, n. 2.  ↩

  10. Ibid. C. III, n. 7.  ↩

  11. Ibid. C. XVI, n. 46.  ↩

  12. Ibid. C. XVII, n. 49.  ↩

  13. Ibid. C. XVIII, n. 50. ↩

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Retractationes (PL)

3.

Quapropter novi haeretici Pelagiani, qui liberum sic asserunt voluntatis arbitrium, ut gratiae Dei non relinquant locum, quandoquidem eam secundum merita nostra dari asserunt, non se extollant, quasi eorum egerim causam; quia multa in his libris dixi pro libero arbitrio, quae illius disputationis causa poscebat. Dixi quippe in libro primo, malefacta justitia Dei vindicari; et addidi: Non enim juste vindicarentur, nisi fierent voluntate 1. Item cum ipsam bonam voluntatem tam magnum bonum esse monstrarem, ut omnibus corporeis et externis bonis merito anteponeretur, dixi: Vides igitur jam, ut existimo, in voluntate nostra esse constitutum, ut hoc vel fruamur vel careamus tanto et tam vero bono: quid enim tam in voluntate quam ipsa voluntas sita est? 2 Et alio loco: Quid ergo causae est, inquam, cur dubitandum putemus, etiam si nunquam ante sapientes fuimus, voluntate nos tamen laudabilem et beatam vitam, voluntate turpem et miseram mereri ac [Col. 0596] degere? 3. Item alio loco: Ex quo conficitur, inquam, ut quisquis recte honesteque vult vivere, si id se velle prae fugacibus rebus velit; assequatur tantam rem tanta facilitate, ut nihil aliud ei, quam ipsum velle, sit habere quod voluit 4. Itemque alibi dixi: Hoc enim aeterna lex illa, ad cujus considerationem redire jam tempus est, incommutabili stabilitate firmavit, ut in voluntate meritum sit; in beatitate autem et miseria praemium atque supplicium 5. Et alio loco: Quid, inquam, quisque sectandum et amplectendum eligat, in voluntate esse positum constitit 6 . Et in libro secundo: Homo enim ipse, inquam, in quantum homo est, aliquod bonum est, quia recte vivere cum vult, potest 7. Et alio loco dixi: Recte fieri non posse, nisi eodem libero voluntatis arbitrio 8. Et in libro tertio: Quid opus est, inquam, quaeri unde iste motus existat, quo voluntas avertitur ab incommutabili bono ad commutabile bonum; cum eum non nisi animi, et voluntarium, et ob hoc culpabilem esse fateamur: omnisque de hac re disciplina utilis ad id valeat, ut eo motu improbato atque cohibito, voluntatem nostram ad perfruendum sempiterno bono, a lapsu temporalium convertamus? 9 Et alio loco: Optime, inquam, de te veritas clamat, Non enim posses aliud sentire esse in potestate nostra, nisi quod, cum volumus, facimus. Quapropter nihil tam in nostra potestate, quam ipsa voluntas, est. Ea enim prorsus nullo intervallo, mox ut volumus, praesto est 10. Item alio loco: Si enim tu laudaris, inquam, videndo quid facere debeas, cum id non videas, nisi in illo qui est incommutabilis veritas; quanto magis ille qui et velle praecepit, et posse praebuit, et non impune nolle permisit? Deinde subjunxi dicens: Si enim hoc debet quisque quod accepit, et sic homo factus est, ut necessario peccet, hoc debet ut peccet. Cum ergo peccat, quod debet, facit: quod si scelus est dicere; neminem natura sua cogit ut peccet 11. Et iterum: Quae tandem esse poterit, inquam, ante voluntatem causa voluntatis? Aut enim et ipsa voluntas est; et a radice ista voluntatis non receditur: aut non est voluntas; et peccatum nullum habet. Aut igitur voluntas est prima causa peccandi; aut nullum peccatum est prima causa peccandi: nec est cui recte imputetur peccatum nisi peccanti. Non ergo est cui recte imputetur nisi volenti 12. Et paulo post: Quis, inquam, peccat in eo quod nullo modo caveri potest? Peccatur autem: caveri igitur potest 13. Quo testimonio meo in quodam libro suo Pelagius usus est. Cui libro cum respondissem, titulum libri mei esse volui, de Natura et Gratia.


  1. Lib. 1, c. 1, n. 1  ↩

  2. Id., c. 12, n. 26.  ↩

  3. Id., c. 13, n. 28  ↩

  4. Id., n. 29  ↩

  5. Id., c. 14, n. 30  ↩

  6. Id., c. 16, n. 34  ↩

  7. Lib. 2, c. 1, n. 2  ↩

  8. Id., c. 18, n. 47  ↩

  9. Lib. 3, c. 1, n. 2.  ↩

  10. Id., c. 3, n. 7  ↩

  11. Id., c. 16, n. 46  ↩

  12. Id., c. 17, n. 49  ↩

  13. Id. c. 18, n. 50 ↩

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