1.
C’est vers le même temps que j’écrivis deux volumes du sermon sur la montagne selon saint Matthieu. Quant à ce qu’on lit au premier de ces livres : « Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu 1; » « la sagesse, dis-je, appartient aux pacifiques, dans lesquels tout est déjà en ordre, chez lesquels il n’y a pas de mouvement rebelle à la raison, mais où tout obéit à l’esprit de l’homme, qui lui-même obéit à Dieu 2; » il faut que je m’explique. Il ne peut en effet arriver à personne en cette vie, de n’avoir point dans ses membres une loi qui répugne à la loi de l’esprit. Quand même l’esprit de l’homme résisterait à cette loi, au point que jamais sa volonté ne faillit, cependant la répugnance et la lutte y seraient. Cette parole: « Il n’y a pas de mouvement rebelle à la raison, » ne se peut donc prendre que dans ce sens que les pacifiques domptent les concupiscences de la chair pour arriver un jour à la paix pleine et entière.