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Les confessions de Saint Augustin
CHAPITRE PREMIER. NEUF ANNÉES D’ERREUR.
1. Pendant ces neuf années de mon âge, de dix-neuf à vingt-huit, je demeurai dans cet esclavage, séduit et séducteur, au gré de mes instincts déréglés; je trompais en public par les sciences dites libérales; en secret, par le mensonge d’une fausse religion : ici, jouet de l’orgueil, là, de la superstition, partout de la vanité. Épris du vide de la gloire populaire, j’en étais venu à jalouser les applaudissements du théâtre, les luttes de poésie, la poursuite des couronnes de foin, les bagatelles des spectacles, toutes les intempérances du libertinage. Et demandant d’autre part d’être purifié de ces souillures, j’apportais des aliments à ces saints, à ces élus de Manès, pour que l’alambic de leur estomac en exprimât à mon intention des anges et des dieux libérateurs. Telle était l’extravagance des opinions et des pratiques que je professais avec mes amis, par moi et comme moi séduits.
Qu’ils me raillent, ces superbes, qui n’ont pas encore le bonheur d’être humiliés et écrasés par vous, mon Dieu: moi je confesse mes ignominies pour votre gloire; permettez-moi, je vous en conjure, donnez-moi de promener aujourd’hui mes souvenirs par tous les détours de mes erreurs passées, et « de vous immoler « une victime de joie (Ps XVI, 6).» Car, sans vous, que suis-je à moi-même, qu’un guide malheureux penché sur les précipices? Et que suis-je, dans la santé de l’âme, qu’un nourrisson allaité de votre lait, et qui se repaît de vous, incorruptible nourriture? Et qu’est-ce que l’homme, quelque homme que ce soit, puisqu’il est homme? Qu’ils nous raillent donc, les forts et les puissants ; mais confessons toujours à vous nos infirmités et notre indigence.
Edition
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Confessiones
Caput 1
Per idem tempus annorum novem, ab undevicensimo anno aetatis meae usque ad duodetricensimum, seducebamur et seducebamus, falsi atque fallentes in variis cupiditatibus, et palam per doctrinas, quas liberales vocant, occulte autem falso nomine religionis, hic superbi, ibi superstitiosi, ubique vani: hac popularis gloriae sectantes inanitatem, usque ad theatricos plausus, et contentiosa carmina, et agonem coronarum faenearum, et spectaculorum nugas, et intemperantiam libidinum; illac autem purgari nos ab istis sordibus expetentes, cum eis, qui appellarentur electi et sancti, afferremus escas, de quibus nobis in officina aqualiculi sui fabricarent angelos et deos, per quos liberaremur. et sectabar ista atque faciebam cum amicis meis, per me ac mecum deceptis. inrideant me arrogantes, et nondum salubriter prostrati et elisi a te, deus meus, et ego tamen confitear tibi dedecora mea in laude tua. sine me, obsecro, et da mihi circuire praesenti memoria praeteritos circuitus erroris mei, et immolare tibi hostiam iubilationis. quid enim sum ego mihi sine te nisi dux in praeceps? aut quid sum, cum mihi bene est, nisi sugens lac tuum aut fruens te, cibo qui non corrumpitur? et quis homo est quilibet homo, cum sit homo? sed inrideant nos fortes et potentes, nos autem infirmi et inopes confiteamur tibi.