Traduction
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Contre les Académiciens
11.
Laissant donc là toutes ces subtilités, cherchons si l'homme est capable d'avoir la sagesse dont la raison nous donne l'idée; car nous ne pouvons donner ce nom à aucune autre. — Mais, dit-il, lorsque j'accorderais ce que je crois être le but principal de tes efforts, c'est-à-dire que le sage connaît la sagesse et que nous savons, entre nous, des choses que le sage peut connaître, il ne me semble cependant pas que l'opinion des académiciens soit renversée. J'aperçois d'ici un asile d'où ils pourront se défendre, et tu n'as pas encore entièrement rompu le fil qui retient leur, consentement; car, ce que tu reproches à leur cause est peut-être ce qui va les faire triompher. Ils diront effectivement qu'il est si vrai qu'on ne peut rien connaître et qu'on ne doit ajouter foi à rien, que ce principe même de l'impossibilité de rien connaître, principe que, pendant toute leur vie, ils avaient tenu probable, vient, par tes conclusions, de leur être encore enlevé; et soit qu'alors, comme maintenant; leur raisonnement demeure invincible, ou à cause de la faiblesse de mon esprit, ou à cause de la force même de ce raisonnement: ils restent inébranlables dans leur retranchement, lorsqu'ils continuent à affirmer audacieusement, qu'à présent même, on ne peut ajouter foi à rien. Et peut-être qu'un jour quelqu'un d'eux , ou n'importe qui , pourra produire de subtils et probables arguments contre ce dernier principe lui-même. Aussi peut-on retrouver, comme en un miroir, leur propre image dans ce qu'on dit de Protée, qu'on ne pouvait espérer de le saisir que quand il se dérobait, et que ceux qui le cherchaient n'auraient jamais pu le connaître, si quelqu'autre divinité ne le leur avait montré1. Si donc quelque divinité nous vient en aide et daigne nous montrer cette vérité, objet de leurs soigneuses recherches, je déclarerai les académiciens vaincus , même malgré eux,ce que je ne crois pas.
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Voyez liv. II de l'Ordre, chap. XV, n. 45. ↩
Edition
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Contra Academicos (PL)
11.
Et his omissis consentias ut quaeramus, utrum possit homini talis provenire sapientia, qualem prodit ratio. Non enim aliam debemus, aut possumus recte vocare sapientiam. Etsi concedam, inquit, quod te magnopere niti video, sciri a sapiente sapientiam, et aliquid inter nos deprehensum quod sapiens possit percipere; tamen nequaquam mihi occurrit Academicorum labefactata omnis intentio. Prospicio enim defensionis eis locum non minimum reservatum, nec illam assensionis suspensionem esse praecisam, cum hoc ipso causae suae deesse non possint, quo convictos putas. Dicent enim usqueadeo nihil comprehendi, nullique rei assensionem praebendam, ut etiam hoc de nihil percipiendo, quod tota sibi pene vita usque ad te probabiliter persuaserant, nunc ista conclusione sibi extortum sit: ut sive tunc, sive nunc hujus argumenti vis tarditate ingenii mei, sive revera suo [Col. 0940] robore invicta sit, eos loco movere non possit, cum audacter affirmare adhuc valeant, ne nunc quidem ulli rei consentiendum esse. Forte enim aliquando contra hoc quoque nonnihil vel a se vel a quopiam reperiri posse, quod acute probabiliterque dicatur: suamque imaginem et quasi speculum quoddam in Proteo illo animadverti oportere, qui traditur eo solere capi quo minime caperetur, investigatoresque ejus nunquam eumdem tenuisse, nisi indice alicujusmodi numine. Quod si adsit, et illam nobis veritatem quae tantum curae est demonstrare dignetur, ego quoque vel ipsis invitis, quod minime reor, illos superatos esse confitebor.