Traduction
Masquer
Contre les Académiciens
14.
Après avoir suffisamment dîné, nous retournâmes dans la prairie. Alors Alype nous adressa la parole : Je vais faire, dit-il, ce que tu souhaites; je n'oserais refuser. Si rien ne m'échappe, c'est à tes leçons et à la fidélité de ma mémoire que je le devrai. S'il m'arrive de me tromper en quelque chose, tu y porteras remède, et dorénavant je ne serai pas effrayé d'une semblable charge.
Le but de la nouvelle académie a été moins, je crois, de se séparer de l'ancienne que de se séparer des stoïciens. Et cela ne doit pas passer pour une séparation puisqu'il était absolument nécessaire d'approfondir et de discuter la nouvelle opinion que Zénon avait mise au jour. Car on peut bien croire que l'opinion sur l'impossibilité de connaître la vérité, quoique. n'ayant donné lieu parmi eux à aucune dispute, est cependant restée dans l'esprit des anciens académiciens. On le prouverait aisément par l'autorité de Socrate, de Platon et des autres anciens philosophes qui ont cru pouvoir se défendre de l'erreur en ne donnant pas leur assentiment à la légère. Jamais, toutefois, ni dans nos écoles, ni publiquement, ils n'ont agité spécialement la question de savoir si l'on pouvait ou non connaître la vérité. Zénon apporta cette, nouveauté; il prétendit qu'on ne pouvait connaître que ce qui était tellement vrai, qu'il était facile de le distinguer par des signes qui ne pouvaient appartenir à l'erreur, et de plus, que le sage ne pouvait s'astreindre à aucune opinion douteuse; Archésilas, entendant ce discours, nia que l'homme pût jamais rien trouver de semblable, et que la vie du sage dût être exposée au naufrage d'opinions incertaines : il en conclut même qu'on ne devait croire à rien.
Edition
Masquer
Contra Academicos (PL)
14.
Deinde, cum tantum alimentorum accepissemus, quantum compescendae fami satis esset; ad pratum regressis nobis, Alypius, Paream, inquit, sententiae tuae, nec ausim recusare. Si enim nihil me fugerit, gratabor eum doctrinae tuae, tum etiam memoriae meae. At si in quoquam fortasse aberravero, recurabis id, ut deinceps hujusmodi delegationem non pertimescam. Novae Academiae discidium non tam contra veterem conceptum, quam contra Stoicos arbitror esse commotum. Nec vero discidium est putandum, siquidem a Zenone illatam novam quaestionem dissolvi discutique oportebat. Nam de non percipiendo, quamvis nullis conflictationibus agitata, incolens tamen etiam veterum Academicorum mentes sententia non impudenter existimata est. Quod etiam ipsius Socratis Platonisque ac reliquorum veterum auctoritate probatu facile est, qui se hactenus crediderunt ab errore posse defendi, si se assensioni non temere commisissent: quamvis propriam de hac re disputationem in scholas suas non introduxerint, nec ab illis enucleate aliquando quaesitum sit, percipi, necne veritas possit. Quod cum Zeno rude ac novum intulisset, contenderetque nihil percipi posse, nisi quod verum ita esset, ut dissimilibus notis a falso discerneretur, neque opinationem subeundam esse sapienti, atque id Archesilas audiret; negavit hujusmodi quidquam posse ab homine reperiri, neque illi opinionis naufragio sapientis committendam esse vitam. Unde etiam conclusit, nulli rei esse assentiendum.