Traduction
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Contre les Académiciens
22.
Ainsi, continua-t-il en s'adressant à moi, je voudrais, bon accusateur des académiciens, que tu me fisses connaître ton ministère, c'est-à-dire quels sont ceux que tu veux défendre en attaquant ces philosophes: car je crains qu'en réfutant les académiciens tu ne veuilles prouver que tu es académicien. —Tu sais bien, je pense, qu'il y a deux sortes d'accusateurs. Sida modestie de Cicéron lui a fait dire qu'il n'accusait Verrès que pour défendre les Siciliens1, il n'est pas pour cela nécessaire que quand on accuse quelqu'un on ait dessein d'en défendre un autre. — As-tu du moins, reprit-il, quelque principe pour établir ton sentiment ? — Il est facile, répondis-je, de répondre à cette question, et surtout parce qu'elle n'est pas nouvelle pour moi; il y a longtemps que je pense à tout cela et que je le retourne dans mon esprit. Ecoute donc, Alype, ce que tu sais déjà parfaitement, je crois. Je n'ai nulle envie de discuter pour discuter; contentons-nous d'avoir fait, avec ces jeunes gens, ces préludes où la philosophie s'est en quelque sorte jouée volontiers avec nous. Loin de nous donc les contes puérils! Il s'agit ici de notre vie, des moeurs, de l'esprit; il espère que, pour rentrer avec plus de sûreté dans le ciel, il sera vainqueur de toutes les erreurs ennemies, et qu'après avoir pris possession de la vérité, laquelle est comme son pays natal, il triomphera de ses passions et régnera par la tempérance devenue pour lui comme une épouse2. Me comprends-tu ? Bannissons donc du milieu de nous toutes ces choses: il faut forger des armes au guerrier valeureux3, il n'y arien que j'aie jamais moins désiré que de voir naître entre ceux qui ont longuement vécu ensemble,et souvent disserté entre eux, de nouveaux sujets de contestation. Aussi pour ne pas se fier à la mémoire, . infidèle gardienne des pensées, j'ai voulu qu'on mît sur des tablettes tout ce que nous avons souvent examiné ensemble. C'est aussi un moyen d'apprendre à ces jeunes gens à s'expliquer, à essayer d'aborder ces questions et à les traiter à leur tour.
Edition
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Contra Academicos (PL)
22.
Proinde velim mihi exponas, bone accusator Academicorum, officium tuum; id est, in quorum defensionem hos oppugnes. Metuo enim, ne Academicos refellens, Academicum te probare velis. Accusatorum, inquam, ut opinor, duo genera esse bene nosti: non enim si a Cicerone modestissime dictum est, ita eum Verris esse accusatorem, ut Siculorum defensor esset (Cicero in Verrem, actione 1), propterea necesse est, eum qui aliquem accusat, habere alterum quem defendat. Et ille: Saltem habesue tu quidquam in quo sententia tua jam fundata constiterit? Facile est, inquam, huic rogationi respondere, mihi praesertim cui repentina non est: jam hoc totum mecum egi, et diu multumque versavi animo. Quamobrem audi, Alypi, quod, ut arbitror, jam optime scis: non ego istam disputationem disputandi gratia susceptam volo; satis sit quod cum istis adolescentibus praelusimus, ubi libenter nobiscum philosophia quasi jocata est. Quare auferantur de manibus nostris fabellae pueriles. De vita nostra, de moribus, de animo res agitur; qui se superaturum inimicitias omnium fallaciarum, et veritate comprehensa, quasi in regionem suae originis rediens, triumphaturum de libidinibus, [Col. 0930] atque ita temperantia velut conjuge accepta regnaturum esse praesumit, securior rediturus in coelum 1. Vides quid dicam? Tollamus de medio jam cuncta ista: arma acri facienda viro 2; nec quidquam minus semper optavi, quam inter eos, qui secum multum vixerunt, multumque sermocinati sunt, oriri aliquid, unde novus quasi conflictus exsurgat. Sed propter memoriam, quae infida custos est excogitatorum, referri in litteras volui, quod inter nos saepe pertractavimus, simul ut isti adolescentes, et in haec attendere discerent, et aggredi ac subire tentarent.