Edition
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De beata vita (PL)
32.
Modestia utique dicta est a modo, et a temperie temperantia. Ubi autem modus est atque temperies, nec plus est quidquam nec minus. Ipsa est igitur plenitudo, quam egestati contrariam posueramus, multo melius quam si abundantiam poneremus. In abundantia enim intelligitur affluentia et quasi rei nimium exuberantis effusio. Quod cum evenit ultra quam satis est, etiam ibi desideratur modus, et res quae nimia est, modo eget. Ergo nec ab ipsa redundantia egestas aliena est; a modo autem et plus et minus aliena sunt. Ipsam etiam opulentiam si discutias, invenies eam nihil aliud tenere quam modum. Nam non nisi ab ope dicta est opulentia. Quomodo autem opitulatur, quod nimium est, cum incommodius sit saepe quam parum? Quidquid igitur vel parum vel nimium est, quia modo eget, obnoxium est egestati. Modus ergo animi sapientia est. Etenim sapientia contraria stultitiae non negatur, et stultitia egestas, egestati autem contraria plenitudo. Sapientia igitur plenitudo. In plenitudine autem modus. Modus igitur animi in sapientia est. Unde illud praeclarum est, et non immerito diffamatur hoc primum in vita esse utile:
Ut ne quid nimis.
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Terent. in Andria, act. 1, scen. 1. ↩
Traduction
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De la vie bienheureuse
32.
Le mot modération vient de modus, mesure, et le mot tempérance vient de temperies, juste tempérament. Or la mesure et le juste tempérament excluent le plus et le moins. Donc en disant la plénitude, pour exprimer le contraire de l'indigence, nous avons été bien plus exacts que si nous avions dit l'abondance... Par le mot abondance, en effet, on entend l'affluence et comme le débordement d'une chose qui surabonde. Là donc aussi c'est la mesure qu'il faudrait , et tout ce qui est excessif manque de mesure. Ainsi l'abondance même peut connaître l'indigence, tandis que la mesure ne connaît ni le plus ni le moins. L'opulence même, examinez-la bien, ne dépasse point la mesure. En effet, c'est du mot ops, opis, aide, que vient le mot opulence. Or, comment l'excès pourrait-il nous aider, lorsque parfois il est plus gênant que le peu ? Le trop peu et le trop, parce qu'ils manquent de mesure, rentrent dans le domaine de l'indigence. La mesure de l'âme est donc la sagesse1. Car la sagesse est contraire à la folie, on ne le nie pas, et la folie c'est de l'indigence, et le contraire de l'indigence, c'est la plénitude. La sagesse est donc la plénitude. Or, dans la plénitude il y a juste mesure. La juste mesure de l'âme, c'est donc la sagesse. C'est donc une belle maxime, c'est, on l'a proclamé avec raison, la maxime la plus utile à l'homme dans la vie que cette parole d'un poète :
Rien de trop2.