20.
Au moins, dis-je, voici qui est bien convenu. L'homme heureux est celui qui a Dieu pour lui. — Je voudrais bien, dit Navigius, t'accorder ce point, mais je crains celui qui adresse encore cette question; je crains surtout que tu ne finisses par accorder le bonheur à cet académicien, auquel dans un langage vulgaire et peu élégant, mais très juste selon moi, on a appliqué hier le nom de tombeur (caducarius). Je ne puis dire en effet que Dieu soit contraire à l'homme qui le cherche. Si je. ne puis le dire, c'est que Dieu lui est propice, et celui qui possède un Dieu propice, est heureux. II sera donc heureux celui qui cherche Dieu. Mais quand on cherche, c'est qu'un n'a pas ce que l'on veut. On sera donc heureux, tout en n'ayant pas ce que l'on veut; conclusion que nous trouvions absurde hier, en croyant que nous venions de dissiper les ténèbres de l'académie. Licentius triomphera donc de nous et m'avertira, en sage médecin, que je suis puni d'avoir pris (les douceurs contraires à ma santé.