Traduction
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De l'ordre
1.
Rechercher l'ordre des choses, et le discerner dans ce qu'il a de particulier pour chaque être; le découvrir et l'expliquer dans cette universalité qui embrasse et régit le monde; c'est là, Zénobius, une tâche difficile et dont très-peu d'hommes sont capables. De plus, ce labeur fût-il au pouvoir de quelqu'un, ce qui excédera sa puissance, ce sera de trouver un auditeur que la pureté de sa vie ou une certaine dose d'instruction rendrait apte à saisir des choses aussi divines et aussi obscures. Il n'est rien cependant qui stimule l'avidité des plus grands génies; rien que brûlent d'entendre et de pénétrer ceux qui envisagent les écueils et les orages de cette vie avec un front noblement élevé, comme cette question : comment, d'une part, Dieu prend-il soin des choses humaines, et comment, d'autre part, ces choses humaines sont-elles infectées d'une perversité si grande qu'on serait tenté de ne l'attribuer ni au gouvernement d'un Dieu, ni même au gouvernement d'un esclave, à qui l'on aurait accordé le pouvoir suprême. Dès lors, ceux qui s'occupent de ces questions se trouvent dans la nécessité de croire, ou que la divine Providence ne descend point jusqu'à ces derniers et infimes détails, ou que tout le mal se commet certainement par la volonté divine. Conclusions toutes deux impies, la seconde surtout.
Car s'il est inepte, s'il est même très-dangereux pour l'esprit, de croire que Dieu délaisse quoi que ce soit, jamais, parmi les hommes eux-mêmes, on n'a fait à personne un crime de son impuissance, et le reproche. de négligence est beaucoup moins grave que l'accusation de malice et de cruauté. Aussi la saine raison, qui ne renonce pas à la piété, est comme forcée de croire que les choses terrestres ne peuvent être dirigées par le ciel, ou que le ciel les négligé et les dédaigne, plutôt que de les conduire d'une manière propre à justifier toute plainte élevée contre Dieu.
Edition
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De ordine (PL)
1.
Ordinem rerum, Zenobi, consequi ac tenere cuique proprium, tum vero universitatis quo coercetur ac regitur hic mundus, vel videre vel pandere difficillimum hominibus atque rarissimum est. Huc accedit quod etiamsi quis haec possit, non illud quoque valet efficere, ut dignum auditorem tam divinis obscurisque rebus, vel vitae merito, vel habitu quodam eruditionis, inveniat. Nec tamen quidquam est quod magis avide expetant quaeque optima ingenia, magisque audire ac discere studeant qui scopulos vitae hujus et procellas, velut erecto quantum licet [Col. 0978] capite, inspiciunt, quam quomodo fiat ut et Deus humana curet, et tanta in humanis rebus perversitas usquequaque diffusa sit, ut non divinae, sed ne servili quidem cuipiam procurationi, si ei tanta potestas daretur, tribuenda esse videatur. Quamobrem illud quasi necessarium iis quibus talia sunt curae, credendum dimittitur; aut divinam providentiam non usque in haec ultima et ima pertendi, aut certe mala omnia Dei voluntate committi. Utrumque impium, sed magis posterius. Quanquam enim desertum Deo quidquam credere, cum imperitissimum, tum etiam periculosissimum animo sit; tamen in ipsis hominibus nemo quemquam non potuisse aliquid criminatus est: [Col. 0979] negligentiae vero vituperatio multo est quam malitiae crudelitatisque purgatior. Itaque velut compellitur ratio tenere non immemor pietatis, aut ista terrena non posse a divinis administrari, aut neglibi atque contemni potius quam ita gubernari, ut omnis de Deo sit mitis atque inculpanda conquestio.