Traduction
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De l'immortalité de l'âme
10.
Il faut donc, je le vois, employer toutes les forces -du raisonnement à bien établir ce que c'est que la raison, à faire connaître les différentes définitions que l'on en peut donner: cela nous aidera à démontrer l'immortalité de l'âme par toutes les preuves dont elle peut être appuyée. La raison est ce regard de l'âme, qui par elle-même, et non par le corps, considère la vérité; ou bien elle est la contemplation même de la vérité, mais non par le corps ; ou bien encore elle est la vérité même qu'elle contemple. Personne ne doute qu'entendue de la première manière, la raison ne soit dans l'âme; quant à la seconde et à la troisième définitions, on peut examiner; mais évidemment la seconde ne peut pas non plus exister sans l'âme, et pour la troisième, c'est une grande question de savoir si cette vérité que l'âme aperçoit sans l'aide du corps, existe par elle-même et n'est pas dans l'âme, ou si elle peut exister sans l'âme. Mais quoi qu'il en soit, il est certain que l'âme ne pourrait par elle-même contempler la vérité, si elle n'avait pas quelque union avec elle. Car tout ce que nous contemplons ou considérons par la pensée, nous le percevons par les sens ou par l'intelligence. Or les objets que nous percevons par les sens nous sentons qu'ils sont hors de nous; ils sont contenus dans des lieux , et souvent même on ne peut les toucher. Au contraire, les choses que nous comprenons, l'âme qui les conçoit ne les conçoit pas comme placées ailleurs que dans sa propre intelligence; car nous voyons aussi qu'elles ne sont pas contenues dans un lieu.
Edition
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De immortalitate animae (PL)
10.
Ergo incumbendum omnibus ratiocinandi viribus video, ut ratio quid sit, et quoties definiri possit [Col. 1026] sciatur, ut secundum omnes modos et de animae immortalitate constet. Ratio est aspectus animi, quo per seipsum, non per corpus verum intuetur; aut ipsa veri contemplatio, non per corpus; aut ipsum verum quod contemplatur. Primum illud in animo esse nemo ambigit: de secundo et tertio quaeri potest; sed et secundum sine animo esse non potest. De tertio magna quaestio est, utrum verum illud quod sine instrumento corporis animus intuetur sit per seipsum, et non sit in animo, aut possit esse sine animo. Quoquolibet modo autem se habeat, non id posset contemplari animus per seipsum, nisi aliqua conjunctione cum eo. Nam omne quod contemplamur, sive cogitatione capimus, aut sensu aut intellectu capimus. Sed ea quae sensu capiuntur, extra etiam nos esse sentiuntur, et locis continentur, unde nec percipi quidem posse affirmantur. Ea vero quae intelliguntur, non quasi alibi posita intelliguntur, quam ipse qui intelligit animus: simul enim etiam intelliguntur non contineri loco.