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De la grandeur de l'âme
29.
Aug. Laisse-là ton étonnement, ici encore je te répondrai par une raison analogue. La longueur du corps ne sert de rien à l'âme, puisque beaucoup d'hommes aux membres raccourcis et grêles, ont plus de sagesse que certains autres dont le corps est doué de vastes proportions; ainsi nous voyons à certains jeunes hommes plus de sagacité et d'activité qu'à la plupart des vieillards, et dès lors je ne comprends plus comment l'on prétendrait que le temps donne de l'accroissement à l'esprit , comme il en donne au corps. Le corps lui-même, à qui il est donné de prendre de l'accroissement avec le temps et d'occuper un espace plus étendu, est souvent plus court malgré les années ; on le voit non-seulement chez le vieillard dont le grand âge a contracté et raccourci la taille, mais encore chez certains enfants qui ont le corps moins élevé que ne l'ont d'autres enfants quoique moins âgés. Si donc un long espace de temps n'est point une cause de grandeur, même pour les corps; si cette cause est dans la puissance du germe, et de certains nombres mystérieux de la nature qu'il est difficile de connaître, combien moins faudra-t-il penser que l'âme grandisse selon la mesure du temps, quand même nous verrions qu'elle apprend beaucoup par l'usage et l'habitude.
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De quantitate animae (PL)
29.
Desine mirari, nam et hic tibi simili ratione respondeo. Ut enim membrorum magnitudo ideo nihil affert argumenti cur animam adjuvet, quod multi exilioribus brevioribusque membris prudentiores inveniuntur quibusdam magna mole corporis praeditis; ita quoniam juniores nonnullos senioribus plerisque magis industrios atque strenuos videmus, non video cur putanda sint spatia temporis in aetatibus incrementa ut corporibus, sic animis dare; cum et ipsa corpora, quibus per tempus crescere atque ampliora spatia tenere concessum est, saepe sint annosiora breviora, non modo senilia, quae magnitudine temporis contrahuntur atque minuuntur; sed etiam puerorum, quos animadvertimus his breviores esse corpore quibus sunt aetate majores. Si igitur porrecta [Col. 1052] in plurimum tempora, ne ipsis quidem corporibus magnitudinis afferunt causam; sed omnis illa seminis vis est, et quorumdam naturae numerorum sane occultorum, et difficilium ad dignoscendum: quanto minus arbitrandum est longo tempore animam fieri longiorem, quia eam videmus usu rerum atque assiduitate multa didicisse?