Übersetzung
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De la grandeur de l'âme
32.
Aug. Tu crois donc, quand un homme danse sur la corde, qu'il a une âme plus élevée que ceux qui ne sauraient le faire? — Ev. C'est autre chose, qui ne voit qu'il y a de l'art en ceci ? — Aug. Pourquoi de l'art? N'est-ce point parce que le danseur a appris? — Ev. C'est vrai. — Aug. Alors pourquoi ne verrais-tu pas encore de l'art si l'on apprenait autre chose? — Ev. Je ne nie point qu'il y ait de l'art dans tout ce qu'on apprend. — Aug. Cet enfant n'a donc pas appris de ses parents à faire un geste? — Ev. Il a appris, c'est vrai. — Aug. Il te faut donc accorder aussi que c'est là l'effet non de l'accroissement de l'âme, mais de quelque art d’imitation. — Ev. Je ne puis faire cette concession. — Aug. Donc tout ce qui s'apprend n'est point l'objet d'un art, comme tu l'avais admis? — Ev. C'est assurément l'objet d'un art. — Aug. Alors cet enfant n'a pas appris son geste, ce que tu avais également admis? — Ev. Il l'a appris, mais ce n'est point là de l’art. — Aug. Cependant, tu viens d'attribuer à l'art tout ce qui s'apprend.
Ev. Eh bien, voyons, je t'accorde que parler et gesticuler appartiennent à l'art, parce que cela s'apprend. Cependant, il est des arts que nous acquérons en remarquant ce que l'on bit sous nos yeux, et des arts que nous enseignent des maîtres. — Aug. Lesquels de ces arts penses-tu que l'âme connaisse, par le fait même de son agrandissement? tous?— Ev. Non pas tous, mais les premiers. — Aug. Marcher sur la corde, ne te paraît-il pas de ce nombre ? Car il me semble que, pour ceux qui le font, cela s'acquiert en regardant. — Ev. Je le crois aussi; toutefois, ceux qui regardent cet exercice et le contemplent avec le plus grand soin, ne peuvent tous acquérir cette habileté; il leur faut des maîtres. — Aug. Tu parles bien sagement; car c'est ce que je puis répondre au sujet du langage. Beaucoup de Grecs et d'autres encore nous entendent parler une langue étrangère plus souvent qu'ils ne voient marcher sur la corde, et pour apprendre notre langue ils prennent souvent des maîtres, comme nous en prenons pour apprendre la leur. Je m'étonne alors que tu veuilles attribuer le langage humain à l'accroissement de l'âme, et non point de marcher sur la corde. — Ev. Je ne sais comment tu confonds ces deux choses; car celui qui se donne un maître pour apprendre notre langue en connaît une déjà, c'est la sienne, et il l'apprenait, je pense, à mesure que son âme grandissait. Mais en apprendre une autre, c'est là ce que j'attribue, non à l'accroissement de l'âme, mais à l'art.— Aug. Si donc un homme né et élevé parmi les muets n'entrant que tard et déjà adolescent, dans la société des autres hommes, y apprenait leur langue sans en connaître encore aucune autre, tu penserais que son âme s'accroît en même temps qu'il apprend le langage? — Ev. Je n'oserais m'avancer jusque-là; j'en chois à la raison et ne pense pas que le langage soit la preuve d'un agrandissement dans l'âme; car je pourrais être forcé d'avouer que l'âme n'acquiert la connaissance de tous les arts qu'en croissant, et il s'en suivrait cette absurdité que, pour l'âme, oublier c'est décroître.
Edition
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De quantitate animae (PL)
32.
A. Jam mihi videris etiam cum in fune quisque ambulat, ampliorem credere hunc habere animam, quam eos qui id facere nequeunt. E. Hoc aliud est: quis enim hoc non videat esse artis? A. Cur, obsecro, artis? an quia didicit? E. Ita vero. A. Quare tibi ergo etiam, si aliud quisque discat, non artis videtur? E. Plane quidquid discitur, artis esse non nego. A. Non ergo ille didicit a parentibus gestum facere? E. Didicit sane. A. Oportet igitur et hoc non animae crescendo amplioris, sed imitatoriae cujusdam artis esse concedas. E. Non possum hoc concedere. A. Ergo non omne quod discitur artis est, quod nunc concesseras. E. Artis omnino. A. Non ergo ille didicit gestum, quod item non minus dederas. E. Didicit, sed hoc non est artis. A. Atqui tu paulo ante dixisti artis esse quod discitur. E. Age, jam concedo, et loqui et gestum facere, eo quod ea didicimus, artis esse. Tamen aliae sunt artes, quas, dum in alios intendimus, discimus; aliae, quae a magistris inseruntur nobis. A. Quas tandem istarum putas animam, ex eo quod amplior fiat, adipisci? anne omnes? E. Non omnes puto, sed illas superiores. A. Nonne tibi ex hoc genere videtur in fune ambulare? nam et hoc videndo, ut arbitror, qui id faciunt assequuntur. E. Ita credo: sed tamen non omnes qui haec spectant et magno studio intuentur, assequi possunt, sed qui hujus rei magistros patiuntur. A. Bene sane dicis; nam et hoc tibi etiam de locutione responderim: multi enim Graeci et aliud genus linguae crebrius nos loquentes audiunt, quam funambulum spectant; qui ut linguam nostram discant, quemadmodum nos cum ipsorum nosse volumus, saepe magistris traduntur. Quae cum ita sint, miror cur animae incrementis tribuere velis quod loquuntur homines; quod autem in fune ambulant, nolis. E. Nescio quomodo ista confundis: nam qui ut linguam nostram discat, magistro traditur, novit [Col. 1054] aliam quamdam suam, quam eum, quod ejus anima creverit, puto didicisse; cum autem discit alienam, non ampliori animae, sed arti tribuo. A. Quid si ille qui inter mutos natus atque altus est, sero ac jam juvenis in alios homines incidens loqui didicisset, cum aliam linguam nullam nosset? eo tempore putares animam ejus crevisse, quo loqui didicerat? E. Nunquam isthuc ausim dicere; et jam cedo rationi, nec puto amplioris animae argumentum esse quod loquimur, ne et alias omnes artes cogar fateri crescendo animam consecutam: quod si dixero, illud sequetur absurdum, decrescere animam cum quidque obliviscitur.