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De la grandeur de l'âme
63.
Ces jeunes gens me regardaient attentivement ; mais je crains de te répéter ce que je leur dis alors; car nous avons fait déjà tant de chemin, nous avons si longuement soutenu notre idée dans cet entretien que si je ne te donne une autre réponse en harmonie avec la cause que je plaide, cette cause paraîtra avoir été percée et semblera succomber sous la dent d'un vermisseau.
Je leur avais donc commandé de poursuivre leurs études comme ils les avaient commencées; je leur disais que de cette manière ils pourraient plus facilement un jour, s'il était opportun, examiner et étudier ces sortes de phénomènes. Mais si je voulais répéter tout ce que nous dîmes, Alype et moi, lorsque ces jeunes gens se furent retirés , les souvenirs et les conjectures, les questions de chacun de nous ; il nous faudrait parler beaucoup plus longuement encore que nous ne l'avons fait, à travers tant de circuits et de détours. Je ne te laisserai pas néanmoins ignorer mon sentiment.
Si je ne connaissais sur le corps , sur la forme qui l'anime, sur le lieu, sur le temps, sur le mouvement, beaucoup de choses certaines et profondes que l'on examine avec tant de soin à propos de la question dont nous sommes occupés ; j'inclinerais à donner la palme à ceux qui soutiennent la matérialité de l'âme. Aussi je t'en conjure de plus en plus et de toutes mes forces, ne te jette pas témérairement sur les ouvrages ni au milieu des entretiens de ces hommes bavards, qui n'ajoutent guère foi qu'aux sens; entre auparavant et affermis-toi dans la voie qui conduit jusqu'à Dieu même; l'étude et le travail pourraient plus facilement que l'inertie et la nonchalance, t'éloigner de ce sanctuaire mystérieux, où l'âme goûte un plein repos, et dont elle est bannie pendant qu'elle habite ce monde.
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De quantitate animae (PL)
63.
Sed tunc ego quod illis adolescentibus dixi, cum intenti me intuerentur, tibi nunc dicere vereor: jam enim tantum processimus, ut nisi tibi aliter respondero quod secundum meam causam probabiliter valet, tanta nostra intentio per tam longum munita sermonem, ab uno vermiculo penetrata succubuisse videatur. Illis autem praeceperam, ut in studiis, sicuti coeperant, suum cursum tenerent; ita eos opportunius aliquando ad quaerenda et discenda ista, si res moneret, esse venturos. Sed quae illis discedentibus cum Alypio sermocinatus sum, cum uterque nostrum pro suo quisque modulo recordaretur et conjectaret et quaereret, si exponere velim; longe plura nobis dicenda sunt, quam ab ipso principio tantis ambagibus atque anfractibus dicta sunt: non apud te tamen tacebo quod sentio. Nisi mihi tunc multa jam nota essent de corpore, de specie quae inest corpori, de loco, de tempore, de motu, quae subtilissime atque abstrusissime propter hanc ipsam quaestionem disseruntur; ad dandam palmam iis, qui corpus esse animam dicunt, declinarem. Quapropter te, ut possum, etiam atque etiam moneo, ne temere aut in libros aut in disputationes loquacissimorum hominum, nimiumque sensibus his corporis credentium te praecipites, donec corrigas firmesque vestigia, quae usque ad ipsum Deum animam ducunt, ne ab illo secretissimo et tranquillissimo mentis habitaculo, a quo nunc, dum haec incolit, peregrina est, studiis facilius et laboribus, quam inertia desidiaque avertaris. [Col. 1071]