Traduction
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Traité de la musique
10.
Le M. Cette remarque est fort juste et fait honneur à ta pénétration. Et que penses-tu de l'anapeste? faut-il lui appliquer le même raisonnement? — L’E. Le même absolument1. — Le M. Examinons donc le bacchius, s'il te plait, et dis-moi quel en est le premier mètre. — L’E. Il se compose, je pense, de quatre syllabes, une brève et trois longues: deux de ces longues appartiennent au bacchius et 1a troisième au commencement du pied qui peut suivre immédiatement le bacchius, de telle sorte qu'il trouve son complément dans un silence. Toutefois je souhaiterais quelque exemple pour vérifier la théorie avec l’oreille. — Le M. Il est facile de donner des exemples mais je ne crois pas qu'ils te fassent le même plaisir que les précédents. Car les pieds de cinq temps et ceux de sept ont une marche moins agréable que ceux qui se divisent soit en parties égales, soit dans le rapport de 1 à 2 ou de 2 à 1. La même différence existe entre les mouvements sesquialtères et les mouvements égaux ou compliqués; mouvements dont nous avons amplement parlé dans notre premier entretien. Et voilà pourquoi les pieds de cinq ou de sept temps sont aussi rares en poésie que fréquents en prose. On peut aisément faire cette remarque sur des exemples, comme tu m'en as demandés; en voici un
Laborat magister docens tardos2.
Reprends ce vers, en interposant un silence de trois temps ; pour que tu aies moins de peine à remarquer ce silence, j'ai mis au quatrième pied une syllabe longue, qui forme le commencement d'un crétique, pied dont le mélange avec le bacchius est autorisé. Si je ne t'ai pas donné d'exemple pour la première espèce de mètre, c'est que j'ai craint qu'un seul pied ne fût insuffisant pour avertir ton oreille Ae la durée du silence qu'il fallait observer après ce pied et une syllabe longue. Je vais maintenant donner un exemple de cette première espèce de mètre et je le répéterai, afin que tu puisses sentir les trois temps dans mon silence :
Labor nullus, Amor magnus3.
L’E. Je vois bien clairement que ces sortes de pieds conviennent mieux à la prose et il est inutile de multiplier les exemples. — Le M. Tu as raison. Mais, puisqu'il faut observer un silence, crois-tu qu'on ne puisse faire suivre le bacchius que d'une syllabe longue? — L’E. Non, certes. On peut le faire suivre d'une brève et d'une longue, ce qui constitue le premier demi-pied du bacchius. Car si nous avons pu régulièrement commencer un crétique, parce que ce pied peut se mêler avec un bacchius, à plus forte raison pourrons-nous commencer un bacchius même, surtout n'ayant pas mis du crétique la fraction dont les temps équivalent à la première moitié du bacchius.
Edition
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De musica (PL)
10.
M. Optime omnino atque sequaciter. Sed quid tibi tandem videtur de anapaesto? an eadem ratio est? D. Prorsus eadem. M. Jam ergo bacchium consideremus, si placet, et dic mihi quod primum ejus metrum est. D. Quatuor syllabas puto esse, unam brevem, et tres longas, quarum duae ad bacchium pertinent, una vero ultima ad inchoationem ejus pedis [Col. 1134] qui cum bacchio poni potest; ut id quod ei debetur, sit in silentio: in aliquo tamen exemplo vellem hoc auribus explorare. M. Facile quidem est exempla subjicere, quibus tamen non te arbitror ita ut superioribus posse delectari: nam isti quinum temporum pedes, ut etiam septenum, non tam suaviter currunt, quam ii qui aut in aequas partes dividuntur, aut in simplam et duplam, vel in duplam et simplam; tantum interest inter sesquatos motus et aequales aut complicatos, de quibus satis in primo illo nostro sermone tractavimus. Itaque hos pedes, quinque ac septem scilicet temporum, uti aspernantius poetae, ita soluta libentius assumit oratio: quod videri facilius in exemplis quae postulasti, potest: nam ista sunt, Laborat magister docens tardos. Hoc revolve interposito trium temporum silentio, quod ut sentires facilius, ideo post tres pedes longam syllabam posui, quod est initium cretici, qui cum bacchio poni potest. Nec ad primum metrum exemplum dedi quod est quatuor syllabarum, ne unus pes non esset satis ad commonendum sensum tuum, quantum post illum atque unam longam silere deberes. Quod ecce nunc edam, atque ipse repetam, ut in meo silentio tria tempora sentias: Labor nullus, Amor magnus. D. Satis apparet solutae orationi hos esse congruentiores pedes, et nihil opus est exemplis caetera excurrere. M. Verum dicis: sed num tibi cum silendum est, una tantum longa videtur poni posse post bacchium? D. Non sane; sed etiam brevis et longa, qui ejusdem bacchii semipes primus est: nam si nobis inchoare creticum licuit, quia cum eodem bacchio poni potest; quanto magis id de ipso bacchio facere licebit, cum praesertim non totum de cretico posuerimus quod primae parti bacchii sit aequale temporibus?