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Or, l'acte par lequel l'âme, avec l'aide de Dieu et de son Seigneur, s'arrache à l'amour de la beauté inférieure, en combattant avec énergie et en détruisant les habitudes qui lui font la guerre; la victoire qui la fait triompher dans son sein des puissances de l'air1 et prendre son vol, malgré leur jalousie et en dépit de tous leurs efforts, vers Dieu son soutien et son inébranlable appui, qu'est-ce, sinon la vertu qu'on appelle tempérance? — L’E. Je la reconnais et j'en distincte parfaitement les traits. —Le M. Allons plus loin : quand elle marche à grands pas dans le chemin du ciel, qu'elle savoure déjà les joies éternelles et semble y toucher, la perte des biens périssables ou la mort pourrait-elle l'épouvanter? Se troublerait-elle quand elle est assez forte pour dire à ses sueurs moins parfaites : « Il m'est avantageux de mourir et de me réunir au Christ : mais il est nécessaire, à cause de vous, que je reste dans ma chair2 ? » — L’E. Non , assurément. — Le M. Cette disposition qui lui fait braver les adversités et la mort ne doit-elle pas s'appeler force? — L’E. J'en conviens encore. — Le M. Et cet ordre suivant lequel elle ne sert que Dieu, ne reconnaît pour égales que les âmes les plus pures, ne veut exercer d'empire que sur les bêtes et sur la nature physique, quelle vertu est-ce à ton avis? — L’E. La justice, comment ne pas le voir? — Le M. Tu as raison.
