Edition
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Adversus Praxean
CAP. 10.
[1] Ita aut pater aut filius est, et neque dies eadem et nox neque pater idem et filius, ut sint ambo unus et utrumque alter, quod vanissimi isti monarchiani volunt. ipse se, inquiunt, filium sibi fecit.
[2] atquin pater filium facit et patrem filius: et qui ex alterutro fiunt a semetipsis sibi fieri nullo modo possunt, ut pater se sibi filium faciat et filius se sibi patrem praestet.
[3] quae instituit deus etiam ipse custodit. habeat necesse est pater filium ut pater sit, et filius patrem ut filius sit. aliud est autem habere, aliud esse: verbi gratia, ut maritus sim habeam oportet uxorem, non ipse mihi ero uxor. sic etiam ut pater sim filium habeo, non ipse mihi ero filius: et ut filius sim patrem habeo, non ipse mihi ero pater.
[4] ero enim me faciunt si habuero tunc ero, pater si filium habeam, filius ero si patrem. porro si ipse ero quid eorum, iam non habeo quod ipse ero, nec patrem quia ipse ero pater, nec filium quia ipse ero filius. in quantum autem alterum ex his habere me oportet, alterum esse, in tantum, si utrumque fuero, alterum non ero dum alterum non habeo. si enim ipse ero filius qui et pater, iam non habeo filium sed ipse sum filius. non habendo autem filium dum ipse sum filius, quomodo pater ero? habere enim filium debeo ut pater sim : non sum ergo filius, quia patrem non habeo qui facit filium.
[5] aeque si ipse sum pater qui et filius, iam non habeo patrem sed ipse sum pater. non habendo autem patrem dum ipse sum pater, quomodo filius ero? habere enim patrem debeo ut filius sim: non ergo ero pater, quia filium non habeo qui facit patrem.
[6] hoc erit totum ingenium diaboli, alterum ex altero excludere dum utrumque in unum sub monarchiae favore concludens neutrum haberi facit, ut et pater non sit qui scilicet filium non habet, et filius non sit qui aeque patrem non habet : dum enim pater est filius non erit. sic monarchiam tenent qui nec patrem nec filium continent.
[7] sed nihil deo difficile. quis hoc nesciat? et impossibilia apud saeculum possibilia apud deum quis ignoret? et Stulta mundi elegit deus, ut confundat sapientia. legimus omnia. ergo, inquiunt, difficile non fuit deo ipsum se et patrem et filium facere adversus traditam formam rebus humanis : nam et sterilem parere contra naturam difficile deo non fuit, sicut nec virginem.
[8] plane nihil deo difficile: sed si tam abrupte in praesumptionibus nostris hac sententia utamur, quidvis de deo confingere poterimus quasi fecerit, quia facere potuerit. non autem, quia omnia potest facere, ideoque credendum est illum fecisse etiam quod non fecerit, sed an fecerit requirendum. potuit, si voluisset, deus pennis hominem ad volandum instruxisse, quod et milvis praestitit : non tamen quia potuit statim et fecit. potuit et Praxean et omnes pariter haereticos statini extinxisse: non tamen quia potuit extinxit. oportebat enim et milvos esse et haereticos, oportebat et patrem crucifigi. hac ratione erit aliquid et difficile deo, id scilicet quodcunque non fecerit non quia non potuerit sed quia noluerit.
[9] dei enim posse velle est, et non posse nolle : quod autem voluit, et potuit et ostendit. ergo quia si voluit semetipsum sibi filium facere potuit, et quia si potuit fecit, font probabis illum et potuisse et voluisse si probaveris illum fecisse.
Übersetzung
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Contre Praxéas
X.
Conséquemment Dieu est donc ou Père ou Fils. Si le jour n'est pas le même que la nuit, le Père n'est pas le même que le Fils, de manière à être réciproquement l'un ce qu'est l'autre, comme il a plû à ces ridicules partisans de la monarchie exclusive de l'imaginer. Il est devenu à lui-même son propre Fils, disent-ils. Loin de là. Le Père suppose le Fils; le Fils suppose le Père. Ceux qui naissent réciproquement l'un de l'autre ne peuvent en aucune manière, le Père devenir à lui-même son propre Fils, le Fils devenir à lui-même son propre Père. Ce que Dieu a établi, il le garde. Il faut nécessairement que le Père ait un Fils pour être Père; il faut nécessairement que le Fils ait un Père pour être Fils. Autre chose est avoir, autre chose être. Pour être mari, par exemple, il faut que j'aie une épouse; je ne puis être à moi-même mon épouse. De même pour être Père, je devrai avoir un Fils; je ne serai pas à moi-même mon propre Fils; et pour être Fils, je devrai avoir un Père; je ne serai pas à moi-même mon propre Père. Voilà ce qui me constitue tel si je le possède. Je serai Père à la condition d'avoir un Fils; je serai Fils à la condition d'avoir un Père. Or, si je suis moi-même quelqu'une de ces choses, je n'ai plus dès-lors ce que je serai par moi-même, ni Père, puisque le Père, c'est moi; ni Fils, puisque le Fils, c'est moi. Mais autant il faut que de ces deux choses j'aie l'une, et que je sois l'autre; autant, si je suis tout à la fois l'une et l'autre, je ne serai plus l'une des deux, en n'ayant pas l'autre. Si, en effet, je suis le Fils, moi qui suis déjà le Père, dès-lors, je n'ai plus de Fils, puisque c'est moi-même qui le suis. Or, n'ayant pas de Fils, puisque je suis moi-même ce Fils, comment serai-je Père? Je dois avoir un Fils pour être Père. Je ne suis donc pas Fils, puisque je n'ai pas de Père, condition pour qu'il y ait un Fils. De même, si je suis le Père, moi qui suis déjà le Fils, dès-lors je n'ai plus de Père, puisque je suis moi-même le Père. Or, en n'ayant plus de Père, par la raison que je suis moi-même le Père, comment serai-je Fils? Je dois avoir un Père pour être Fils. Je ne serai donc pas Père, puisque je n'ai pas de Fils, condition pour être Père. Je reconnais bien ici l'adresse du démon: il exclut l'un par l'autre, lorsque, confondant les deux en un seul, sous le prétexte de maintenir la monarchie, il fait que l'on ne garde ni l'un ni l'autre. En effet, il anéantit le Père, puisque celui-ci n'a pas de Fils; il anéantit le Fils, puisque le Fils n'a pas de Père. Car du moment qu'il est Père, il ne pourra être Fils. Les voilà ces rigides partisans de la monarchie qui ne savent pas même garder le Père et le Fils. Mais rien n'est difficile à Dieu. La chose est incontestable. «Ce qui est impossible au monde est possible à Dieu,» qui l'ignore? «Dieu a choisi ce qui est insensé selon le monde pour confondre la sagesse.» Nous avons lu tous ces oracles. Par conséquent, disent-ils, il n'a pas été difficile à Dieu de se faire tout à la fois et le Père et le Fils, contrairement aux exemples qui régissent les choses humaines; Dieu n'a-t-il pas renversé les lois de la nature, quand la Vierge et la femme stérile ont enfanté? Que rien ne soit difficile à Dieu, je vous l'accorde; mais si nous voulons étendre ce principe à tous les caprices de noire imagination, nous pourrons donc supposer que Dieu a fait tout ce qu'il nous plaira d'imaginer, parce qu'il l'aurait pu faire. Mais ce n'est point parce qu'il peut tout, que nous devons croire qu'il ait fait, même ce qu'il n'a point fait. Il s'agit de chercher s'il l'a fait. Il aurait pu, je l'avoue volontiers, donner à l'homme des ailes pour voler, comme il en a donné aux milans; mais parce qu'il l'aurait pu, l'a-t-il fait? Il aurait pu encore étouffer à leur naissance Praxéas et tous les autres hérétiques. Mais parce qu'il l'aurait pu, les a-t-il étouffés? Non, il «fallait qu'il y eût» des milans et «des hérétiques:» il fallait que le Père aussi fût crucifié. C'est dans ce sens qu'il y aura quelque chose de difficile à Dieu, c'est-à-dire ce qu'il n'a point fait, non pas que la chose lui eût été difficile, mais parce qu'il ne l'a pas voulu. En effet, le pouvoir de Dieu, c'est sa volonté; ce qu'il ne peut pas, c'est ce qu'il ne veut pas. Tout ce qu'il a voulu, il le peut, et il le montre. Conséquemment, comme il a pu devenir à soi-même son propre Fils, s'il l'a voulu, et comme il l'a pu, s'il l'a fait, avoir prouvé qu'il l'a fait, se sera prouver qu'il l'a pu et l'a voulu.