Edition
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Adversus Praxean
CAP. 11.
[1] Probare autem tam aperte debebis ex scripturis, quam nos probamus illum sibi filium fecisse sermonem suum. si enim filium nominat, filius autem non alius erit quam qui ex ipso prodiit, sermo autem prodiit ex ipso, hic erit filius, non ipse de quo prodiit : non enim ipse prodiit ex semetipso. porro qui eundem patrem dicis et filium, eundem et protulisse ex semetipso facis et prodisse quod deus est. si potuit fecisse, non tamen fecit.
[2] aut exhibe probationem quam expostulo meae similem, id est sic scripturas eundem filium et patrem ostendere quemadmodum apud nos distincte pater et filius demonstrantur: distincte inquam, non divise. sicut ego profero dictum a deo, Eructavit cor meum sermonem optimum, haec tu contra opponas alicubi dixisse deum, Eructavit me cor meum sermonem optimum, ut ipse sit qui et eructavit et quod eructavit, et ipse qui protulerit et qui prolatus sit, si ipse est et sermo et deus.
[3] ecce ego propono patrem filio dixisse, Filius meus es tu, ego hodie generavi te: si velis ut credam ipsum esse patrem et filium, ostende sic pronuntiatum alibi, Dominus dixit ad se, Filius meus sum ego, ego hodie generavi me; proinde et, Ante luciferum generavi me; et, Dominus condidi me initium viarum in opera mea, ante omnes autem colles generavi me; et si qua alia in hunc modum sunt. quem autem verebatur deus dominus universitatis ita pronuntiare, si ita res erat? an verebatur ne non crederetur si simpliciter se et patrem et filium pronuntiasset?
[4] unum tamen veritus est, mentiri veritatis auctorem semetipsum et suam veritatem. et ideo veracem deum credens, scio illum non aliter quam disposuit pronuntiasse nec aliter disposuisse quam pronuntiavit. tu porro eum mendacem efficias et fallacem, et deceptorem fidei huius, si cum ipse esset sibi filius alii dabat filii personam, quando scripturae omnes et demonstrationem et distinctionem trinitatis ostendant a quibus et praescriptio nostra deducitur, non posse unum atque eundem videri qui loquitur et de quo loquitur et ad quem loquitur, quia neque perversitas neque fallacia deo congruat, ut cum ipse esset ad quem loquebatur, ad alium potius et non ad semetipsum loquatur.
[5] accipe igitur et alias voces patris de filio per Esaiam: Ecce filius meus quem elegi, dilectus meus in quem bene sensi; ponam spiritum meum super ipsum et iudicium nationibus annuntiabit. accipe et ad ipsum: Magnum tibi est ut voceris filius meus ad statuendas tribus Iacob et ad convertendam dispersionem Israelis; posui te in lucem nationum, ut sis salus in extremum terrae.
[6] accipe nunc et filii voces de patre : Spiritus domini super me, quapropter unxit me ad evangelizandum hominibus. item in psalmo ad patrem de eodem: Ne dereliqueris me, donec annuntiem brachium tuum nativitati universae venturae. item in alio : Domine quid multiplicati sunt qui comprimunt me?
[7] sed et omnes paene psalmi qui Christi personam sustinent filium ad patrem, id est Christum ad deum, verba facientem repraesentant. animadverte etiam spiritum loquentem ex tertia persona de patre et filio : Dixit dominus domino meo, Sede ad dexteram meam donec ponam inimicos tuos scabellum pedoni tuorum.
[8] item per Esaiam : Haec dicit dominus domino meo Christo. item per eundem ad patrem de filio : Domine, quis credidit auditui nostro et brachium domini cui revelatum est? annuntiavimus de illo sicut puerulus, sicut radix in terra sitienti, et non erat forma eius nec gloria.
[9] haec pauca de multis : nec enim affectamus universas scripturas evolvere, cum et in singulis capitulis plenam maiestatem et auctoritatem contestantes maiorem congressum in retractatibus habeamus. his itaque paucis tamen manifeste distinctio trinitatis exponitur :
[10] est enim ipse qui pronuntiat spiritus, et pater ad quem pronuntiat, et filius de quo pronuntiat. sic et cetera, quae nunc a patre de filio vel ad filium, nunc a filio de patre vel ad patrem, nunc a spiritu pronuntiantur, unamquamque personam in sua proprietate constituunt.
Übersetzung
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Contre Praxéas
XI.
Tu devras le prouver par les Ecritures aussi manifestement que nous prouvons nous-mêmes qu'il s'est engendré un Fils, qui est le Verbe. S'il l'appelle son Fils, si le Fils n'est pas autre que celui qui est sorti de son sein, et si le Verbe est sorti de son sein, ce sera donc le Verbe qui sera le Fils, et non celui du sein de qui il est sorti. Car celui-ci n'est pas sorti de lui-même. Or, toi qui confonds le Père avec le Fils, d'après toi, c'est le même qui engendre de lui-même et qui sort de lui-même ce qu'est Dieu. S'il l'a pu faire, il ne l'a pas fait néanmoins. Ou bien, fournis une preuve semblable à la mienne, et telle que je la demande, c'est-à-dire que les Ecritures démontrent que le Père et le Fils sont une seule et même chose, de même que chez nous le père et le fils sont distincts, entendons-nous bien, distincts, mais non séparés, ainsi que je m'appuie sur cet oracle de Dieu: «Mon cœur a produit le Verbe excellent.» Cite-nous par opposition quelque passage où il soit écrit: «Mon cœur m'a produit moi-même Verbe excellent,» pour attester qu'il est tout à la fois et celui qui engendre et ce qu'il engendre, et celui qui produit et ce qu'il produit, s'il est vrai qu'il soit tout à la fois et le Verbe et Dieu le Père. Voilà que je te montre le Père disant au Fils: «Tu es mon Fils, je t'ai engendré aujourd'hui.» Si tu veux que je croie que le Père est le même que le Fils, apporte-moi quelque texte s'exprimant ainsi ailleurs: Le Seigneur se dit à lui-même: Je suis mon Fils; je me suis engendré aujourd'hui,» et conséquemment: «Je me suis engendré avant l'aurore.» Ou bien encore: «Moi, le Seigneur, je me suis créé au commencement de mes voies pour procéder à mes œuvres; je me suis engendré avant toutes les collines,» ou d'autres passages ainsi conçus. Pourquoi donc le Dieu, Seigneur de l'universalité des êtres, craignait-il de s'exprimer en ces termes, si la chose était véritable? Appréhendait-il de n'être pas cru, s'il déclarait simplement qu'il était à la fois Père et Fils? Non; il n'appréhenda qu'une chose, c'est de mentir. Il s'appréhenda lui-même et sa vérité. Voilà pourquoi, comme je crois à la véracité de Dieu, je suis convaincu qu'il n'a point parlé autrement qu'il n'a disposé, ni disposé autrement qu'il n'a parlé. Toi, au contraire, tu fais de Dieu un fourbe et un imposteur, qui se joue de sa parole, si, lorsqu'il était à lui-même son propre Fils, il imposait à un autre ce rôle, puisque toutes les Ecritures attestent la démonstration et la distinction de la Trinité.
De là se tire notre prescription que l'être qui parle, celui à qui il parle et de qui il parle, ne peuvent être un seul et même être, parce que ce serait un renversement de toute logique et une imposture indigne de Dieu, que, se parlant à lui-même, il s'adressât à un autre plutôt que de s'adresser à lui-même. Ecoute maintenant comment le Père parle de son Fils par la bouche d'Isaïe: «Voici le Fils que j'ai choisi, mon Fils bien-aimé dans lequel j'ai placé toutes mes complaisances. Mon esprit reposera en lui: il annoncera aux nations mes jugements.» Veux-tu qu'il s'adresse à la personne du Fils? «C'est peu que tu me serves à réparer les restes de Jacob et à convertir les tribus d'Israël. Je l'ai préparé comme la lumière des nations et le salut des extrémités de la terre.» Veux-tu savoir comment le Fils parle du Père? «L'Esprit du Seigneur repose sur moi, voilà pourquoi il m'a marqué de son onction pour annoncer son Evangile aux hommes.» Même langage dans le Psalmiste: «Ne m'abandonnez pas jusqu'à ce que j'aie annonce votre puissance devant la génération qui doit venir.» De même dans un autre psaume: «Seigneur, pourquoi ceux qui me persécutent se sont-ils multipliés?» Mais que dis-je? Presque tous les psaumes parlent au nom du Christ; partout le Fils s'y entretient avec le Père, c'est-à-dire le Christ avec Dieu.
Remarque de plus l'Esprit saint, parlant comme troisième personne du Père et du Fils: «Le Seigneur dit à mon Seigneur: Asseyez-vous à ma droite jusqu'à ce que je réduise vos ennemis à vous servir de marche-pied.» De même, dans Isaïe: «Le Seigneur a dit à Jésus-Christ mon Seigneur.» De même encore l'Esprit saint dit au Père, à l'occasion du Fils: «Seigneur, qui croira à notre parole? Pour qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé? Nous l'avons vu; il est semblable à un jeune enfant; il est comme l'arbrisseau qui sort d'une terre aride; il n'a ni éclat ni beauté.»
Voilà quelques passages entre mille. Car nous n'avons pas la prétention de développer ici toutes les Ecritures, puisque, dans chacun de nos chapitres, invoquant la plénitude de leur témoignage et de leur majesté, nous avons ouvert dans nos traités une discussion plus large. Mais ce peu de lignes suffit néanmoins pour établir invinciblement la distinction de la Trinité. Qu'y trouvons-nous, en effet? Un Esprit saint qui parle, un Père auquel il parlé, un Fils de qui il parle. De même les autres passages, qui tantôt s'adressent au Père ou au Fils, au sujet du Fils; tantôt au Fils ou au Père, au sujet du Père; tantôt enfin à l'Esprit, constituent chaque personne avec sa propriété distincte.