Edition
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Adversus Praxean
CAP.14.
[1] Adhuc et illa nobis regula adsistit duos vindicantibus patrem et filium, quae invisibilem deum determinavit. cum enim Moyses in Aegypto desiderasset domini conspectum dicens, Si ergo inveni gratiam coram te, manifesta mihi te ut cognoscenter videam te: Non potes videre, inquit, faciem meam ; non enim videbit homo faciem meam et vivet - id est morietur qui viderit.
[2] invenimus enim et a multis deum visum et neminem tamen eorum qui eum viderant mortuum: visum quidem deum secundum hominum capacitates, non secundum plenitudinem divinitatis. nam patriarchae deum vidisse referuntur ut Abraham et Iacob, et prophetae ut Esaias, ut Ezechiel, et tamen mortui non sunt. igitur aut mori debuerant si eum viderant - deum enim nemo videbit et vivet; aut si deum viderunt et mortui non sunt, scriptura mentitur deum dixisse, Faciem meam homo si viderit non vivet; aut scriptura mentitur [cum invisum aut] cum visum deum profert.
[3] iam ergo alius erit qui videbatur, quia non potest idem invisibilis definiri qui videbatur: et consequens erit ut invisibilem patrem intellegamus pro plenitudine maiestatis, visibilem vero filium agnoscamus pro modulo derivationis, sicut nec solem nobis contemplari licet quantum ad ipsam substantiae summam quae est in caelis, radium autem eius toleramus oculis pro temperatura portionis quae in terram inde porrigitur.
[4] hic ex diverso volet aliquis etiam filium invsibilem contendere, ut sermonem, ut spiritum, et dum unam condicionem patris et filii vindicat unum potius atque eundem confirmare patrem et filium.
[5] sed diximus scripturam differentiae patrocinari per visibilis et invisibilis distinctionem. nam et illud adiciunt ad argumentationem, quod si filius tunc ad Moysen loquebatur, ipse faciem suam nemini visibilem pronuntiaret, quia scilicet ipse invisibilis pater fuerit in filii nomine. ac per hoc sic eundem volunt accipi et visibilem et invisibilem, quomodo eundem patrem et filium, quoniam et paulo supra, antequam faciem Moysi negasset, scriptum sit dominum ad Moysen locutum coram velut si quis loquatur ad amicum suum, non minus quam et Iacob, Ego vidi, inquit, dominum facie ad faciem :
[6] ergo visibilis et invisibilis idem: et quia idem utrumque, ideo et ipse pater invisibilis, qua et filius, visibilis. quasi non expositio scripturae quae fit a nobis filio competat, patre seposito, in sua visibilitate. dicimus enim. et filium suo nomine eatenus invisibilem, qua sermo et spiritus dei, ex substantiae condicione iam nunc, [et qua deus et sermo et spiritus dei] visibilem autem fuisse ante carnem eo modo quo dicit ad Aaron et Mariam, Etsi fuerit prophetes in vobis, in visione cognoscar illi et in somnio loquar illi, non quomodo Moysi os ad os loquar illi in specie (id est in veritate) et non in aenigmate (id est non in imagine) : sicut et apostolus, Nunc videmus tanquam per speculum in aenigmate, tunc autem facie ad faciem.
[7] igitur cum Moysi servat conspectum suum et colloquium facie ad faciem in futurum (nam hoc postea adimpletum est in montis secessu, sicut legimus in evangelio visoni cum illo Moysen colloquentem), apparet retro semper in speculo et aenigmate et visione et somnio deum (id est filium dei) visum tam prophetis et patriarchis quam et ipsi adhuc Moysi:
[8] et ipse quidem dominus si forte coram ad faciem loquebatur, non tamen ut est homo faciem eius videret, nisi forte in speculo et in aenigmate. denique si sic Moysi locutus est dominus ut et Moyses faciem eius cominus sciret, quomodo statim atque ibidem desiderat faciem eius videre, quam quia viderat non desideraret? quomodo aeque et dominus negat videri faciem suam posse, quam ostenderat, si tamen ostenderat? aut quae est facies dei cuius conspectus negatur? si erat quae visa est - Vidi, inquit Iacob, deum facie ad faciem et salva facta est anima mea - alia debet esse facies quae si videatur occidit.
[9] aut numquid filius quidem videbatur - etsi facie, sed ipsum hoc in visione et somnio et speculo et aenigmate, quia sermo et spiritus nisi imaginaria forma videri non potest - faciem autem suam dicit invisibilem patrem? quis enim pater? num facies erit filii, nomine auctoritatis quam genitus a patre consequitur? non enim et de aliqua maiore persona congruit dicere, Facies mea est ille homo, et, Faciem mihi praestat?
[10] Pater, inquit, maior me est: ergo facies erit filii pater. nam et scriptura quid dicit? Spiritus personae eius Christus dominus. ergo si Christus personae paternae spiritus est, merito spiritus cuius persona erat, id est patris eius, faciem suam ex unitate scilicet pronuntiavit. mira res plane an facies filii pater accipi possit qui est caput eius : caput enim Christi deus.
Übersetzung
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Contre Praxéas
XIV.
Nous avons encore pour nous aider à maintenir la distinction entre le Père et le Fils le principe qui a déclaré que Dieu est invisible. En effet, lorsque Moïse dans l'Egypte désire voir le Seigneur: «Maintenant donc, si j'ai trouvé grâce devant vous, faites que je vous voie et que je vous connaisse,» il lui est répondu: «Tu ne pourras voir ma face, car l'homme ne me verra point sans mourir.» Qu'est-ce à dire? Tout homme qui m'aura vu mourra. Nous trouvons cependant que beaucoup virent Dieu, et qu'aucun de ceux qui l'avaient vu n'était mort. Oui, ils avaient vu Dieu selon la capacité de l'homme, mais non suivant la plénitude de la divinité. Il est rapporté que, parmi les patriarches, Abraham et Jacob; parmi les prophètes, Ezéchiel et Isaïe virent Dieu, et cependant ils ne sont point morts. Conséquemment, ou ils auraient dû mourir s'ils avaient vu Dieu, car «personne ne verra Dieu sans mourir,» ou bien, s'ils ont vu Dieu et ne sont pas morts, l'Ecriture est convaincue de mensonge, soit qu'elle affirme que Dieu est invisible, soit qu'elle déclare qu'il a été vu. Ce sera donc un autre qui était vu, parce que de celui qui était vu on ne peut dire qu'il était invisible. La conséquence veut que par celui qui est invisible, nous entendions le Père, à cause de la plénitude de sa majesté, et que dans celui qui est visible, nous reconnaissions le Fils, à cause de la dérivation qui tempère sa grandeur, de même qu'il ne nous est pas permis de contempler le soleil, quant à l'intégrité de sa substance qui est dans les d'eux, tandis que nos yeux supportent son rayon, à cause de l'affaiblissement de cette parcelle de lui-même qui s'abaisse vers la terre.
Ici on nous opposera peut-être que le Fils est également invisible, puisqu'il est Verbe et Esprit, et en réclamant pour le Père et pour le Fils une seule et même nature, on en conclut que le Père et le Fils ne sont qu'une seule et même personne.
Mais l'Ecriture, nous l'avons dit, rend témoignage à la différence des personnes, en distinguant celle qui est visible d'avec celle qui est invisible. Car nos adversaires insistent en ces termes: Si c'eût été le Fils qui s'entretenait alors avec Moïse, il eût déclaré lui-même «que personne ne pouvait voir sa face,» parce que c'était toujours le Père qui était invisible sous le nom de Fils. Par ce raisonnement, ils veulent que le même ait été tout à la fois visible et invisible, de même qu'ils confondent le Père avec le Fils, parce qu'un peu plus haut, avant que Dieu refuse à Moïse la faculté de le voir, il est écrit: «Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami;» et que Jacob dit également: «J'ai vu le Seigneur face à face.» Le même est donc tout à la fois visible et invisible. Et parce que le même est à la fois l'un et l'autre, il est donc aussi invisible, en tant que Père, et visible en tant que Fils. Comme si l'interprétation de l'Ecriture, sur laquelle nous nous appuyons, ne convenait pas aussi au Fils, en laissant le Père dans son invisibilité! Nous déclarons en effet que le Fils était également invisible en son propre nom, comme Verbe et Esprit de Dieu, par la communauté de sa substance, en tant que Dieu, Verbe et Esprit, mais qu'avant de revêtir la chair, il fut visible de la manière qu'il dit à Aaron et à Marie: «Si quelqu'un parmi vous est prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai dans une vision ou je lui parlerai dans le sommeil. Mais il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse; car je lui parle bouche à bouche,» c'est-à-dire en vérité et non en énigme ou en image, ainsi que le dit l'Apôtre: «Nous ne voyons Dieu maintenant que comme dans un miroir et sous des images obscures; mais alors nous le verrons face à face.»
Par conséquent, puisqu'il réserve à Moïse l'honneur de sa présence et de sa conversation face à face pour l'avenir, car cet oracle s'accomplit plus tard à la lettre sur la montagne écartée, où nous lisons dans l'Evangile qu'il s'entretint avec Moïse, il est évident que, par le passé, Dieu, c'est-à-dire le Fils de Dieu, ne se montra jamais, soit aux prophètes, soit aux patriarches, soit à Moïse lui-même, qu'en image, en énigme, en songe ou en vision.
D'ailleurs, si le Seigneur s'entretint avec Moïse, de manière à ce que Moïse vît sa face de près, d'où vient que, sur-le-champ et au même passage, il désire voir sa face, qu'il ne demanderait point à voir s'il l'avait déjà vue? Et puis, comment Dieu déclare-t-il que personne ne peut voir sa face, puisqu'il l'avait montrée, si toutefois il l'avait montrée? Ou bien, quelle est la face de Dieu dont l'aspect est refusé, s'il y en a une qui a été contemplée? «J'ai vu Dieu face à face, s'écrie Jacob, et mon ame est sauvée.» Assurément la face qui tue, quand on la voit, doit être différente. Ou bien, c'était le Fils qui se montrait, étant ainsi la face du Seigneur, mais qui se montrait en vision, en songe, dans un miroir, en énigme, parce que le Verbe et l'Esprit ne peuvent être visibles qu'a l'œil de l'imagination. Son Père qui est invisible, il l'appelle sa face. Quel Père, en effet, ne sera la face du Fils, en vertu de l'autorité que le Fils tire de son Père? Car il ne convient pas de dire de quelque personne supérieure: Cet homme est ma face; ou bien, il me sert de face. «Mon Père, dit-il, est plus grand que moi.» Le Père sera donc la face du Fils. En effet, comment parle l'Ecriture? «L'Esprit de sa personne, Jésus-Christ, notre Seigneur.» Si donc Jésus-Christ est l'Esprit de la personne de son Père, c'est à bon droit qu'en vertu de l'unité il appela sa face, celui dont il était l'Esprit et 'la personne, c'est-à-dire son Père. Que le Père, qui est la tête de son Fils, pût être appelé sa face, je m'en étonnerais. «Dieu est la tête du Christ.»