Edition
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Adversus Praxean
CAP. 3.
[1] Simplices enim quique, ne dixerim imprudentes et idiotae, quae maior semper credentium pars est, quoniam et ipsa regula fidei a pluribus diis saeculi ad unicum et verum deum transfert, non intellegentes unicum quidem sed cum sua oeconomia esse credendum, expavescunt ad oeconomiam. numerum et dispositionem trinitatis divisionem praesumunt unitatis, quando unitas ex semetipsa derivans trinitatem non destruatur ab illa sed administretur. itaque duos et tres iam iactitant a nobis praedicari, se vero unius dei cultores praesumunt, quasi non et unitas irrationaliter collecta haeresim faciat et trinitas rationaliter expensa veritatem constituat.
[2] Monarchiam, inquiunt, tenemus et ita sonum ipsum vocaliter exprimunt etiam Latini, et tam opifice ut putes illos tam bene intellegere monarchiam quam enuntiant; sed monarchiam sonare student Latini, οιθκονομι/αν intellegere nolunt etiam Graeci. at ego, si quid utriusque linguae praecerpsi, monarchiam nihil aliud significare scio quam singulare et unicum imperium : non tamen praescribere monarchiam ideo quia unius sit eum cuius sit aut filium non habere aut ipsum se sibi filium fecisse aut monarchiam suam non per quos velit administrare. atquin nullam dico dominationem ita unius sui esse, ita singularem, ita monarchiam, ut non etiam per alias proximas personas administretur quas ipsa prospexerit officiales sibi :
[3] si vero et filius fuerit ei cuius monarchia sit, non statim dividi eam et monarchiam esse desinere si particeps eius adsumatur et filius, sed proinde illius esse principaliter a quo communicatur in filium, et dum illius est proinde monarchiam esse quae a duobus tam unitis continetur.
[4] igitur si et monarchia divina per tot legiones et exercitus angelorum administratur sicut scriptum est, Milies centies centena milia adsistebant ei et milies centena milia apparebant ei, nec ideo unius esse desiit, ut desinat monarchia esse quia per tanta milia virtutum procuratur,
[5] quale est ut deus divisionem et dispersionem pati videatur in filio et in spiritu sancto secundum et tertium sortitis locum, tam consortibus substantiae patris, quas non patitur in tot angelorum numero et quidem tam
[6] malo te ad sensum rei quam ad sonum vocabuli exerceas. eversio enim monarchiae illa est tibi intellegenda cum alia dominatio suae condicionis et proprii status ac per hoc aemula superducitur, cum alius deus infertur adversus creatorem cum Marcione, cum plures secundum Valentinos et Prodicos : tunc in monarchiae eversionem cum in creatoris destructionem.
Übersetzung
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Contre Praxéas
III.
Les esprits simples, pour ne pas dire les ignorants et les hommes sans instruction, qui forment toujours la plus grande partie de ceux qui croient, en voyant la règle de la foi faire passer l'homme de la multitude des dieux du siècle au Dieu unique et véritable, oublient que non-seulement il faut le croire unique, mais avec son économie tout entière, et se déconcertent à l'aspect de cette économie. Ils prennent pour la division de l'Unité le nombre et la disposition de la Trinité, tandis que l'Unité dérivant d'elle-même, la Trinité, loin de s'anéantir ainsi, est administrée par elle. Vous prêchez deux et même trois Dieux, nous crient-ils; quant à eux, ils se disent les adorateurs d'un seul Dieu, comme si l'Unité, réduite à elle-même hors de toute raison, ne constituait pas l'hérésie, de même que la Trinité, raisonnablement comprise, constitue la vérité. Nous sommes pour la monarchie, répètent-ils. Et les voilà prononçant ce mot en véritables Latins, en véritables Opiques, afin de nous convaincre sans doute qu'ils comprennent la monarchie aussi bien qu'ils l'articulent.
Mais, Latins, ils s'appliquent à prononcer monarchie; Grecs, ils ne veulent pas même comprendre le sens d'économie. Quant à moi, si j'ai recueilli quelque notion des deux langues, la monarchie, à mon sens, ne signifie pas autre chose que le commandement d'un seul. La monarchie, toutefois, n'exige pas impérieusement que, représentation du gouvernement d'un seul, celui auquel appartient le pouvoir n'ait pas de fils, ou devienne à soi-même son propre fils, ou enfin qu'il n'administre pas sa monarchie par qui bon lui semble. Il y a plus, j'affirme qu'aucune domination n'est tellement la domination d'un seul, tellement une domination singulière, tellement monarchie enfin, qu'elle ne soit administrée par d'autres personnes, rapprochées d'elle-même, et dont elle fait ses auxiliaires. Mais si le maître de la monarchie a un fils, la monarchie ne sera point divisée et ne cessera point d'être monarchie, parce qu'il aura associé ce même fils à son pouvoir. Loin de là; elle appartient avant tout à celui qui en délègue une partie à son fils, et en étant à lui, la monarchie possédée par deux personnes si uniques subsiste toujours. Conséquemment, si la monarchie divine est administrée par tant de légions et tant, d'armées d'anges, ainsi qu'il est écrit: «Mille millions le servaient, et dix mille millions étaient devant lui,» sans toutefois avoir cessé d'être le pouvoir d'un seul ni avoir perdu le caractère de la monarchie, parce qu'elle a pour ministres tant de milliers de vertus, quelle absurdité de prétendre que la Divinité va sembler partagée et disséminée dans le Fils et dans l'Esprit saint, qui obtiennent le second et le troisième rang, et d'ailleurs participent à la substance du Père, tandis qu'elle ne souffre ni partage ni dissémination dans cette multitude incommensurable d'anges, qui n'ont rien de commun avec sa substance! Les membres, les fils, les instruments, la vertu elle-même, toute la substance enfin de la monarchie, en sont l'anéantissement, dis-tu. Erreur! J'aime mieux que tu t'exerces au sens de la chose qu'à l'articulation du mot. Tu ne dois regarder la monarchie comme détruite, que si on lui ajoute une domination d'une nature et d'une essence particulière, et qui conséquemment devient sa rivale; que si on introduit un autre dieu opposé au Créateur. C'est un blasphème impie que de reconnaître plusieurs dieux avec les Valentin et les Prodicus. C'est détruire la monarchie que d'anéantir le Créateur.