XXXI.
Au reste, croire à l'unité de Dieu sans vouloir admettre dans l'unité divine le Fils, et après lui l'Esprit saint, c'est n'avoir que la foi des Juifs. Qu'est-ce donc qui nous distingue d'avec eux, sinon cette différence? A quoi bon l'Evangile, et la substance du nouveau Testament, qui nous déclarent «que la loi et les prophètes ont subsisté jusqu'à Jean,» si depuis il n'a pas fallu croire que Dieu est un en trois personnes, le Père, le Fils, le Saint-Esprit? Dieu a voulu renouveler le sacrement de la Foi, afin que le monde le crût d'une manière nouvelle, un par le Fils et l'Esprit saint, et que Dieu fût reconnu publiquement sous les noms et les personnes qui lui sont propres, puisque le monde ne l'avait pas reconnu autrefois, lorsque le prêchaient le Fils et l'Esprit. Que nous importent donc «les antechrists qui nient le Père et le Fils?» Ils nient véritablement le Père en le confondant avec le Fils, et ils nient le Fils en le confondant avec le Père, puisqu'ils leur accordent ce qu'ils ne sont pas et leur dérobent ce qu'ils sont. «Celui qui confesse que le Christ est le Fils de Dieu,» et non le Père, «Dieu demeure en lui et lui en Dieu. Pour nous, nous avons cru au témoignage que Dieu a rendu de son Fils. Celui qui n'a point le Fils n'a point la vie.» Or, ce n'est pas croire au Fils que de le croire tout autre que Fils.