18.
Voilà ce que dit le Christ de la personne de son corps, qui est l'Eglise. Voilà ce qu'il dit de l'infirmité de la chair du péché, qu'il a personnifiée en celle qu'il a prise en naissant d'une vierge, et où il n'a laissé que la ressemblance de la chair du péché. Voilà ce que dit l'époux dans la personne de l'épouse, parce qu'il se l'est unie d'un manière mystérieuse. On lit dans Isaïe : « Le Seigneur m'a attaché la couronne comme à l'époux et m'a paré comme l'épouse 1. » Ces mots : « Il m'a couronné et m'a paré, » sont comme prononcés par une même bouche, et cependant nous savons que le Christ et l'Eglise c'est l'époux et l'épouse. Mais « ils seront deux dans une même chair. C'est un grand sacrement, dit l'Apôtre, dans le Christ et dans l'Eglise 2; ils ne sont donc plus « deux, mais ils sont une même chair 3. » S'ils ont une même chair, leur voix est aussi la même. Faiblesse humaine, pourquoi cherches-tu ici la voix du Verbe par lequel tout a été fait? Ecoute plutôt la voix de la chair qui a été faite comme toute chose, car « le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous. » Ecoute plutôt la voix de celui qui guérit tes yeux pour les mettre en état de voir Dieu, qu'il a différé de te montrer. Mais il t'a montré l'homme, il l'a offert pour être immolé, présenté pour être imité, élevé au ciel pour y être l'objet de ta foi, afin de guérir par cette foi l'oeil de l'âme et de la rendre capable de voir Dieu. Pourquoi donc dédaignons-nous d'écouter la voix du corps parlant par la bouche du chef ? En lui souffrait l'Eglise quand il souffrait pour l'Eglise, comme il souffrait lui-même dans l'Eglise lorsque l'Église souffrait pour lui. De même qu'en ces paroles: « Mon Dieu, etc., » vous entendez la voix de l'Église souffrant dans le Christ, de même nous avons entendu la voix du Christ souffrant dans l'Église, lorsqu'il a dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutez-vous? »