35.
Quand saint Ambroise disait : « Celui qui a connu la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur et la charité du Christ, qui surpasse toute science, celui-là a vu le Christ et a vu le Père;» c'est de la vue spirituelle, dont nous nous occupons en ce moment , qu'il parlait ainsi ; mais , de peur d'être mal compris des esprits grossiers qui auraient pu croire qu'il s'agissait d'une vue corporelle, il a ajouté : « Pour nous, nous n'avons pas connu le Christ selon la chair, mais selon l'esprit; car le Christ Notre-Seigneur est l'esprit qui nous précède. » Ces mots : « Nous avons connu » s'entendent dans le sens de la foi qui appartient à la vie présente, et non point dans le sens de la contemplation, qui appartient à la vie future ; car nous connaissons tout ce que nous a appris une foi sincère et inébranlable, sans avoir été illuminés par la claire vision. Après avoir dit qu'il n'a pas connu le Christ selon la chair, d'après les paroles de l'Apôtre, et après avoir ajouté avec le prophète que le Christ Notre-Seigneur est l'esprit qui nous précède, saint Ambroise continue ainsi : «Qu'il daigne, par sa miséricorde, nous remplir de toute la plénitude de Dieu, afin que nous puissions le voir ! » Il est évident que la connaissance dont il parle ici est une oeuvre de la foi, de cette foi qui est la vie du juste 1, et non pas une connaissance acquise par la contemplation, qui nous fera voir Dieu comme il est; car cette heureuse contemplation, il se la souhaite ensuite à lui-même et nous la souhaite pour la vie future : « Que le Seigneur daigne, par sa miséricorde, nous remplir de toute la plénitude de Dieu, afin que nous puissions le voir. »
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Hebr. X, 38. ↩