19.
« Mais, dit l'Apôtre, la mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse, » parce que la loi donnée par Moïse n'a pas pu détruire le règne de la mort : la grâce du Christ seule l'a pu. Et voyez en qui elle a régné; « en ceux même qui n'ont pas péché par la ressemblance de la prévarication d'Adam. » La mort a donc régné dans ceux même qui n'ont pas péché. Mais saint Paul nous montre pourquoi elle a régné lorsqu'il dit : « Par la ressemblance de la prévarication d'Adam, » Telle est en effet la meilleure manière de comprendre ce passage. Ainsi après avoir dit : « La mort a régné en ceux qui n'ont pas péché, » il ajoute
«Par la ressemblance de la prévarication d'Adam; » et semble nous expliquer de cette façon pourquoi la mort a régné dans ceux qui n'ont pas péché; c'est que leurs membres portaient la ressemblance de la prévarication d'Adam. Ce passage peut aussi se lire de la sorte «La mort a régné depuis Adam. jusqu'à Moïse dans ceux même qui ont péché, non par la ressemblance de la prévarication d'Adam. » En effet, les enfants ne pouvant faire usage encore de la raison, comme Adam lorsqu'il pécha, n'ayant non plus reçu aucun commandement qu'ils aient pu transgresser comme lui, et n'ayant été enveloppés que dans le péché originel, c'est par ce péché originel que le règne de la mort les pousse à la condamnation. Ce règne de la mort ne cesse que dans ceux qui, régénérés par la grâce du Christ, appartiennent à son royaume; car si la mort temporelle, quoique dérivée du péché originel, tue en eux le corps, elle n'entraîne pas l'âme dans la punition représentée par le règne de la mort; ainsi l'âme, renouvelée parla grâce, n'est pas condamnée à la mort éternelle, c’est-à-dire qu'elle n'est pas séparée de la vie de Dieu, tandis que la mort temporelle, ne reste pas moins le partage de ceux-là même qui sont rachetés par la mort du Christ; Dieu la leur laisse pour l'exercice de la foi et pour les combats de ce monde, ces combats où les martyrs ( 405) ont été si grands; mais cette mort même disparaîtra par le renouvellement du corps que la résurrection nous promet. Car la mort sera là entièrement absorbée dans sa victoire 1 ; la grâce du Christ ne lui permet pas maintenant de régner, de peur qu'elle n'entraîne dans les peines de l'enfer les âmes de ses fidèles. Quelques exemplaires ne disent pas : « En ceux qui n'ont point péché, » mais « en ceux qui ont péché par la ressemblance de la prévarication d'Adam : » ce qui ne changerait pas le sens du passage. Car, d'après cette version, ils ont péché « par la ressemblance de la prévarication d'Adam, en qui tous ont péché, » comme il est marqué précédemment. Mais, toutefois, les manuscrits grecs, qui ont servi à la version latine de l'Ecriture, présentent pour la plupart un texte conforme à ce que nous avons dit.
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I Cor. XV, 54. ↩