20.
Il y a diverses manières d'entendre ce que l'Apôtre ajoute sur Adam, « qui est la forme de celui qui doit venir. » Ou la forme d'Adam est celle du Christ par opposition, en ce sens que tous sont vivifiés dans le Christ comme tous meurent en Adam, et que plusieurs sont établis justes par l'obéissance du Christ comme plusieurs sont établis pécheurs par la rébellion du premier homme; ou bien Adam est une forme de ce qui doit être, à cause de la forme de mort qu'il a imprimée à sa postérité. Cependant il est mieux d'entendre que la forme d'Adam est la forme du Christ par opposition, car c'est sur cette opposition qu'insiste l'Apôtre. Cependant, pour qu'on ne s'imagine point qu'il y a égalité entre ces deux formes par opposition, il ajoute : « Mais il n'en est pas du don comme du péché; car si à cause du péché d'un seul plusieurs sont morts, combien plus encore la grâce de Dieu et le don par la grâce d'un seul homme, qui est Jésus-Christ, abonderont sur plusieurs ! » Ceci ne signifie point que la grâce du Christ se répandra sur un plus grand nombre, puisque les damnés seront plus nombreux, mais la grâce abondera davantage, parce que, dans ceux qui sont rachetés par le Christ, la forme de mort prise d'Adam n'a qu'un temps, tandis que la. forme de vie prise du Christ subsistera éternellement. Quoique donc, selon l’Apôtre, Adam soit par opposition la forme de Celui qui doit venir, pourtant la régénération par le Christ produit plus de bien que ne fait de mal la génération par Adam. « Et il n'en est pas du don comme du péché venu par un seul, car le jugement de condamnation vient d'un seul péché, mais la grâce de la justification nous délivre de plusieurs. » La différence entre les deux ne vient pas seulement de ce qu'Adam ne nuit que pour un temps à ceux que le Christ rachète pour l'éternité; mais encore de ce que les descendants d'Adam, souillés uniquement de la faute originelle, sont livrés à la condamnation si le Christ ne les rachète, tandis que la rédemption du Christ efface beaucoup de fautes ajoutées à cette faute première par l'abondance de l'iniquité prévaricatrice. Nous avons déjà vu cela plus haut.