8.
Pélage, dans cette réponse, votre sainteté le voit , reconnaît que le premier temps de la vie de l'homme depuis l'enfance n'est pas sans péché, mais qu'il peut, par son propre effort et avec la grâce de Dieu, s'élever à une vie qui soit sans péché. Pourquoi donc, dans le livre auquel j'ai répondu, dit-il qu'il y a des hommes dont toute la vie a été exempte de tout péché ? Car voici à cet égard ses propres paroles : « Cela peut très-bien se dire de ceux dont l'Ecriture ne rappelle ni les bonnes ni les mauvaises oeuvres ; mais pour ceux dont elle dit qu'ils ont été justes, elle aurait certainement fait mention de leurs péchés si elle avait su qu'ils en eussent commis. J'admets, ajoute-t-il, que l'Ecriture n'ait pas dévoilé les péchés de tout le monde aux époques où la foule humaine était grande ; mais au commencement du monde, lorsqu'il y avait sur la terre quatre hommes seulement, pourquoi n'aurait-elle pas marqué les péchés de chacun ? S'est-elle arrêtée devant le trop grand nombre d'hommes, puisqu'il n'y avait pas foule alors ? N'est-il pas plus vrai de dire qu'elle n'a parlé que des péchés commis, et n'a pas pu marquer des fautes qui n'existaient pas ? Au commencement des temps il y avait quatre hommes, Adam et Eve et leurs deux fils, Caïn et Abel. Eve a péché; l'Ecriture le raconte; Adam a péché; la même Ecriture le dit , et dit également que Caïn a péché ; elle ne marque pas seulement leurs péchés , elle en marque la qualité. Si Abel eût aussi péché, l'Ecriture l'aurait rapporté sans doute; si elle n'en a pas fait mention, c'est donc qu'il n'a pas péché. »