9.
Ils peuvent dire aussi que la rémission des péchés est la grâce que nul mérite ne précède : quels peuvent être les mérites des pécheurs? Mais on n'obtient pas sans quelques mérites la rémission des péchés, si c'est par la foi qu'on l'obtient; il y a du mérite dans la foi; c'est par elle que le publicain disait : « Mon Dieu, ayez pitié de moi, je ne suis qu'un pécheur. » Il revint justifié à cause de l'humilité de sa foi, parce que celui qui s'abaisse sera élevé 1. Si donc nous nous pénétrons de ce qui est véritablement la grâce, la grâce sans mérite, il nous faudra attribuer la foi elle-même, cette foi qui est le commencement de toute justice, ce qui fait qu'il est dit à l'Eglise, dans le Cantique des cantiques: « Tu viendras, tu arriveras du commencement de la foi 2; » non point au libre arbitre, tant exalté par les novateurs ni à de précédents mérites, puisque c'est par elle que commencent tous les mérites, mais à un don gratuit de Dieu, puisque « c'est Dieu, comme il est dit dans cette épître, qui a mesure la foi à chacun 3. » Les bonnes œuvres en effet sont faites par l'homme; mais la foi se fait dans l'homme, et sans elle l'homme ne peut rien accomplir de bon. Tout ce qui ne vient pas de la foi est péché 4. »