39.
Le même Apôtre fait voir très-clairement dans un autre endroit que nulle oeuvre méritoire ne précède l'élection de la grâce. « De même donc, dit-il, en ce temps aussi un reste a été sauvé selon l'élection de grâce. Si c'est par la grâce, ce n'est donc point par les œuvres ; autrement la grâce ne serait plus grâce 1. » Saint Paul cite à l'appui de cette grâce ce passage du Prophète : « J’ai aimé Jacob, j'ai haï Esaü;» et il ajoute : «Que dirons-nous? est-ce qu'il y a de (injustice en Dieu? Loin de nous cette pensée ! » Pourquoi écarte-t-il cette pensée ? Est-ce à cause des oeuvres des deux enfants que Dieu aurait connues d'avance? Loin de nous une telle explication ! Car Dieu a dit à Moïse : « J'aurai pitié de qui il me plaira d'avoir pitié, et je ferai miséricorde à qui il me plaira de faire miséricorde. Cela ne dépend ni de celui qui veut ni de celui qui court, mais de la seule miséricorde de Dieu 2. » Et pour que les vases d'honneur apprennent des vases d'ignominie quelle miséricorde Dieu leur a faite en les tirant de la masse condamnée, l'Apôtre cite ces paroles du Seigneur à Pharaon : « Je t'ai suscité pour faire éclater en toi ma puissance et pour que mon nom soit glorifié par toute la terre 3.» Et, tirant une double conclusion : « Il est donc vrai, dit-il, qu'il fait miséricorde à qui il veut, et qu'il endurcit « qui il veut : ainsi fait celui en qui il n'y a pas d'injustice. Il fait miséricorde par un don gratuit; il endurcit par une punition méritée.