9.
Cependant on demande avec raison si, en se montrant de la sorte un véritable et sincère chrétien, on peut encore être appelé juif ou israélite. Si on l'entend dans le sens spirituel et non point charnel, on ne doit pas porter ce nom habituellement, il faut seulement en retenir la signification spirituelle : sans cela on s'exposerait à tomber dans une équivoque que ne distinguerait point le langage ordinaire et l'on paraîtrait faire profession de ce qu'il y a de plus contraire au nom chrétien. Le bienheureux Apôtre a lui-même résolu cette question de savoir si celui qui est chrétien peut être censé également juif ou israélite. « Ce n'est pas, dit-il, que la circoncision rie soit utile, si tu accomplis la loi; mais si tu la violes, tout circoncis que tu es, tu deviens incirconcis. Si donc un homme incirconcis garde les préceptes de la loi, n'est-il pas vrai que, tout incirconcis qu'il est, il sera considéré comme circoncis? et celui qui, étant naturellement incirconcis, accomplit la loi, te condamnera, toi qui, avec la lettre de la loi et de la circoncision, est transgresseur de la loi. Car le juif n'est pas celui qui l'est au dehors; et la circoncision n'est pas celle qui se fait sur la chair et qui n'est qu'extérieure. Mais le juif est celui qui l'est intérieurement ; la circoncision est celte du coeur, qui se fait par l'esprit, et non par la lettre; et ce juif tire sa gloire, non des hommes, mais de Dieu 1. » Puisque l'Apôtre loue ce juif qui en porte la marque au plus profond de l'âme, non point dans la circoncision de la chair, mais dans la circoncision du coeur, ce juif par l'esprit et non par la lettre, quel est-il, si ce n'est le chrétien?
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Rom. II, 25-29. ↩