5.
« Comment répondre? » me direz-vous. — Comment pensez-vous pouvoir le faire plus aisément et plus clairement qu'en nous attachant à ce que nous avons dit plus haut sur la nécessité de prier Dieu, de façon qu'aucun oubli et aucune ruse de langage ne parviennent à arracher de notre esprit cette vérité? Car si ce qui est écrit : « Les pas de l'homme sont dirigés par le Seigneur, et il voudra sa voie; » et « la volonté préparée par le Seigneur; » et «c'est Dieu qui opère en nous le vouloir 1; » si beaucoup d'autres passages de ce genre marquent la vraie grâce de Dieu, c'est-à-dire celle qui, n'est pas donnée selon nos mérites, mais qui donne les mérites lorsqu'elle est donnée elle-même, parce qu'elle prévient la bonne volonté de l'homme, et ne la trouve pas dans le cœur de personne, mais elle la fait; s'il fallait entendre tous ces passages de manière à croire que l'action de Dieu sur la volonté de l'homme se borne à soumettre sa foi et sa doctrine à notre libre arbitre, sans que, par une vocation profonde et secrète, il ouvrît notre âme à l'intelligence et à l'amour de sa loi; assurément il suffit de la lire ou de l'entendre, et l'on n'aurait, pas besoin de prier que Dieu touchât les infidèles, et accordât aux coeurs convertis la grâce d'avancer et de persévérer. Si donc vous ne refusez pas de croire qu'il faille demander ces choses au Seigneur, que reste-t-il, mon frère. Vital, si ce n'est d'avouer que Dieu les donne, Dieu à qui vous reconnaissez qu'on doit les demander? Et si vous niez que nous devions les lui demander, vous vous mettez en contradiction avec sa doctrine, puisque nous y apprenons à demander ces choses.
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Prov. VIII, 35, selon les Septante. ↩