8.
Mais peut-être me répondrez-vous qu'il faut plutôt imputer ces maux à ceux qui vous ont blessé 1, et qui ont payé par d'ingrates duretés vos coura,eux services. Ce sont là des choses que je ne puis ni savoir ni juger; voyez et examinez-vous vous-même, non pas pour savoir si vous avez raison avec les hommes, mais si vous avez raison avec Dieu ; puisque vous vivez fidèlement dans le Christ vous devez craindre de l'offenser lui-même. Je cherche, plus haut que les querelles et les ressentiments, la cause de nos malheurs : les hommes doivent imputer à leurs péchés les grands maux que souffre l'Afrique. Toutefois, je ne voudrais pas que vous fassiez du nombre de ces méchants et de ces impies dont Dieu se sert pour frapper ceux qu'il veut de peines temporelles. Des supplices éternels sont réservés à ces méchants lorsqu'ayant été les instruments de la justice de Dieu en cette vie, ils ne se corrigent pas de leur malice. Sonnez à Dieu , regardez le Christ qui a fait tant de bien et souffert tant de mal. Ceux qui désirent appartenir à son royaume et vivre avec lui et sous sa loi dans une éternelle félicité, doivent aimer leurs ennemis, faire du bien à ceux qui les haïssent et prier pour ceux qui les persécutent 2; et quand ils sont obligés d'employer la sévérité au profit de l'ordre, ils gardent toujours une sincère charité. Si donc vous avez reçu des biens de l'empire romain, des biens terrestres et passagers, car l'empire romain lui-même est terrestre et n'est pas du ciel, et ne peut donner que ce qu'il a en sa puissance , ne lui rendez pas le mal pour le bien ; et si vous en avez reçu du mal, ne lui rendez pas le mal pour le mal. Laquelle de ces deux situations est la vôtre? c'est ce que je ne veux pas examiner, c'est ce que je ne peux pas juger; je parle à un chrétien : ne rendez ni le mal pour le bien, ni le mal pour le mal.