4.
En second lieu vous demandez pourquoi j'ai dit, dans les commentaires de l'Epître aux Galates, que Paul n'avait pas pu reprendre dans Pierre ce qu'il avait fait lui-même 1, ni blâmer dans un autre la dissimulation dont il était lui-même coupable; et vous soutenez que la réprimande de l'Apôtre ne fut point une feinte, mais qu'elle fut vraie, que, je ne devrais pas enseigner le mensonge, et que tout ce qui est écrit dans nos saints livres doit être entendu comme c'est écrit 2. A ceci je réponds d'abord que votre sagesse aurait pu se souvenir de la petite préface de mes commentaires, où je dis: « Quoi donc? suis-je insensé et téméraire de promettre ce que n'a pas pu faire celui-là? pas du tout; je suis au contraire plus réservé et plus timide, car, sentant ma propre faiblesse, j'ai suivi les commentaires d'Origène. « Cet homme a écrit sur l'Epître aux Galates cinq volumes et a rempli le dixième livre de ses Stromates d'une explication abrégée de cette épître; il en a composé aussi divers traités, et des extraits qui seuls pourraient suffire. Je passe sous silence Didyme mon voyant, Apollinaire de Laodicte récemment sorti de l'Église, le vieil hérétique Alexandre, Eusèbe d'Emèse et Théodore d'Héraclée, qui nous ont aussi laissé quelques petits commentaires sur cette Epître. Si de tout ceci je faisais même de courts extraits, on aurait quelque chose qui ne serait pas tout à fait à mépriser. Pour l'avouer franchement, j'ai lu tous ces travaux, et, amassant beaucoup de choses dans mon esprit, j'ai dicté à un secrétaire ce qui venait de moi, ce qui venait d'autrui, sans me souvenir de l'ordre ni toujours des paroles et du sens. Fasse la miséricorde de Dieu que ce que d'autres ont bien dit ne soit pas perdu par mon ignorance, et que ce qui plaît dans leur langue ne déplaise pas dans la langue d'un étranger! » Si donc quelque chose vous semblait répréhensible dans mon interprétation, votre érudition aurait dû chercher si ce que j'ai écrit se trouvait dans les auteurs grecs, afin que, à leur défaut, vous pussiez condamner mon sentiment particulier; d'autant plus que dans la préface, j'ai avoué que j'ai suivi les commentaires d'Origène, que j'ai dicté mes pensées et celles des autres, et qu'à la fin de ce même chapitre que vous critiquez, j'ai écrit ces mots: «Si quelqu'un n'est pas de mon avis quand je montre Pierre n'ayant pas péché et Paul n'ayant pas repris durement un plus grand que lui, il doit m'expliquer comment Paul blâme dans un autre ce qu'il a fait lui-même. » J'ai fait voir par là que je ne défendais pas ce que j'avais lu dans les auteurs grecs, mais que je n'avais fait que le répéter, afin de laisser au jugement du lecteur la libre appréciation de cette opinion.