6.
Est-ce que Sara, par le pouvoir qui lui en avait été donné, ne maltraitait pas une servante rebelle ? Sa générosité avait permis qu'Agar devînt mère, et elle ne la haïssait point; mais Sara domptait salutairement en elle l'orgueil 1. Vous n'ignorez pas que ces deux femmes, Sara et Agar, et que leurs deux fils, Isaac et Ismaël, représentent les spirituels et les charnels. Quoique nous lisions que la servante et son fils eurent gravement à souffrir de la part de Sara, cependant l'apôtre Paul nous dit qu'Isaac fut persécuté par Ismaël ; « mais, ajoute-t-il, de même qu'alors celui qui était selon la chair, persécutait celui qui était selon l'esprit, ainsi arrive-t-il maintenant 2; » il montre à ceux qui peuvent le comprendre que l'Eglise catholique, par l'orgueil et l'impiété des charnels, souffre bien plus la persécution que ceux dont elle s'efforce de procurer la conversion par les craintes et les peines temporelles. Tout ce que fait donc la vraie et légitime mère, quelque âpreté, quelque amertume qu'on y trouve, ce n'est pas le mal rendu pour le mal; c'est le bien de la règle appliqué contre le mal de l'iniquité, non avec de nuisibles sentiments de haine, mais avec les salutaires inspirations de l'amour. Quand les bons et les mauvais font et souffrent les mêmes choses, ce ne sont pas les actions et les souffrances, mais les causes mêmes qui établissent la différence entre eux. Pharaon écrasait le peuple de Dieu par de durs travaux; Moïse infligeait au même peuple, coupable d'impiété, de durs châtiments 3 ; ils firent les mêmes choses, mais non dans un même but ; ,l'un était enflé d'orgueil, l'autre enflammé d'amour. Jézabel tua les prophètes, Elie tua les faux prophètes 4 : ici les mérites de ceux qui ont fait et de ceux qui ont souffert ne sont pas égaux, je pense.