3.
Vous dites à la fin de votre lettre qu'on ne demande, pour venger l'Eglise, ni la tête ni le sang de personne , mais qu'on doit enlever aux coupables les biens qu'ils craignent tant de perdre. Pour moi, si je ne, me trompe; je trouve la spoliation plus: rigoureuse que la mort. Vous le savez, on lit souvent dans les livres que la mort ôte le sentiment de tous les maux, et qu'une vie d'indigence rend malheureux pour toujours : il est plus (187) triste, en effet, de vivre misérablement que de trouver par la mort le terme de: toutes. les misères. Vous-même nous l'apprenez aussi par la nature de vos oeuvres, lorsque vous secourez l'es pauvres, vous soignez les malades, vous appliquez des remèdes aux maladies du corps, et que par tous les moyens, vous travaillez à diminuer autour de vous les souffrances. Quant à la gravité des fautes, elle importe peu à celui à qui on demande pardon. Si le repentir obtient le pardon et purifie le coupable, (et même celui-là se repent qui supplie, qui embrasse les pieds) ; et si, selon l'opinion de quelques philosophes, toutes les fautes sont, égales, on doit leur accorder un pardon commun. Un homme s'emporte en parlant, il a péché; il a dit des injures ou commis des crimes, il à péché de la même manière ; quelqu'un a dérobé le bien d'autrui, cela compte parmi les fautes ; il a violé des lieux sacrés ou profanes, ce n'est pas une, raison pour lui refuser le pardon. Enfin , il n'y aurait pas lieu à pardonner si auparavant il n'y avait pas péché.