15.
Mais, ainsi que je commençais à le dire, ce passage de l'Ecriture, leurs pieds sont légers pour courir à l’effusion du sang; que vous jetez contre nous plutôt comme une injure que comme un reproche mérité, le concile de Bagaïe l'a vivement et pompeusement appliqué à Félicien et à Prétextat eux-mêmes. Car les Pères de ce concile, après avoir traité Maximien comme ils l'avaient jugé à propos, disaient : « Le juste arrêt de mort qui le frappe à cause de son crime ne le frappe pas tout seul; il entraîne dans son iniquité, comme par une chaîne de sacrilège , plusieurs dont il a été écrit : Le venin des aspics est sur les lèvres de ceux dont la bouche est pleine de malédiction et d'amertume; leurs pieds sont légers pour courir à l'effusion du sang. » Cela dit, et pour montrer ensuite quels étaient ceux que la chaîne du sacrilège entraînait dans la complicité du crime de Maximien, et que le concile condamnait aussi sévèrement que lui, on déclarait coupables d'un crime infâme Victorien, évêque de Carcarie et les onze autres évêques, parmi lesquels Félicien de Musti et Prétextat d'Assuri. Après les avoir jugés de la sorte, on s'est si bien entendu avec eux qu'ils n'ont rien perdu de leurs dignités, et que parmi ceux qu'avaient baptisés ces évêques prompts à répandre le sang, nul n'a été condamné à être baptisé de nouveau. Pourquoi donc désespérer de notre réunion? Que Dieu écarte la haine du démon, « et que la paix du Christ triomphe dans nos coeurs 1, » selon la parole de l'Apôtre; pardonnons-nous aussi mutuellement, ainsi que dit le même Apôtre, si nous croyons avoir à nous plaindre les uns des autres, comme Dieu nous a pardonné dans le Christ 2, afin que (je l'ai déjà dit et il faut le dire souvent), la charité couvre la multitude des péchés 3.