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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

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De doctrina Christiana

CAPUT VII.-- Gradus ad sapientiam: primus, timor; secundus, pietas; tertius, scientia; quartus, fortitudo; quintus, consilium; sextus, purgatio cordis; septimus gradus seu finis, sapientia.

9. Ante omnia igitur opus est Dei timore converti ad cognoscendam ejus voluntatem, quid nobis appetendum fugiendumque praecipiat. Timor autem iste cogitationem de nostra mortalitate et de futura morte necesse est incutiat, et quasi clavatis carnibus omnes superbiae motus ligno crucis affigat. Deinde mitescere opus est pietate, neque contradicere divinae Scripturae sive intellectae, si aliqua vitia nostra percutit; sive non intellectae, quasi nos melius sapere meliusque praecipere possimus: sed cogitare potius et credere id esse melius et verius quod ibi scriptum est, etiam si lateat, quam id quod nos per nosmetipsos sapere possumus.

10. Post istos duos gradus timoris atque pietatis ad tertium venitur scientiae gradum, de quo nunc agere institui. Nam in eo se exercet omnis divinarum Scripturarum studiosus, nihil in eis aliud inventurus quam diligendum esse Deum propter Deum, et proximum propter Deum: et illum quidem ex toto corde, ex tota anima, ex tota mente diligere; proximum vero tanquam seipsum 1, id est, ut tota proximi, sicut etiam nostri, dilectio referatur in Deum. De quibus duobus praeceptis, cum de rebus ageremus, libro superiore tractavimus. Necesse est ergo, ut primo se quisque in Scripturis inveniat amore hujus saeculi, hoc est, temporalium rerum, implicatum, longe sejunctum esse a tanto amore Dei et tanto amore proximi, quantum Scriptura ipsa praescribit. Tum vero ille timor quo cogitat de judicio Dei, et illa pietas qua non potest nisi credere et cedere auctoritati sanctorum Librorum, cogit eum seipsum lugere. Nam ista scientia bonae spei hominem non se jactantem, sed lamentantem facit: quo affectu impetrat sedulis precibus consolationem divini adjutorii, ne desperatione frangatur, et esse incipit in quarto gradu, hoc est fortitudinis, quo esuritur et sititur justitia. Hoc enim affectu ab omni [P. 0040] mortifera jucunditate rerum transeuntium sese extrahit, et inde se avertens convertit ad dilectionem aeternorum, incommutabilem scilicet unitatem eamdemque Trinitatem.

11. Quam ubi aspexerit, quantum potest, in longinqua radiantem, suique aspectus infirmitate sustinere se illam lucem non posse persenserit; in quinto gradu, hoc est in consilio misericordiae, purgat animam tumultuantem quodammodo atque obstrepentem sibi de appetitu inferiorum conceptis sordibus. Hic vero se in dilectione proximi guaviter exercet, in eaque perficitur; et spe jam plenus atque integer viribus, cum pervenerit usque ad inimici dilectionem, ascendit in sextum gradum, ubi jam ipsum oculum purgat, quo videri Deus potest, quantum potest ab iis qui huic saeculo moriuntur quantum possunt. Nam in tantum vident, in quantum moriuntur huic saeculo; in quantum autem huic vivunt, non vident. Et ideo quamvis jam certior, et non solum tolerabilior, sed etiam jucundior species lucis illius incipiat apparere; in aenigmate adhuc tamen et per speculum videri dicitur 2, quia magis per fidem quam per speciem ambulatur, cum in hac vita peregrinamur 3, quamvis conversationem habeamus in coelis 4 In hoc autem gradu ita purgat oculum cordis, ut veritati ne ipsum quidem praeferat aut conferat proximum; ergo nec seipsum, quia nec illum quem diligit sicut seipsum. Erit ergo iste sanctus tam simplici corde atque mundato, ut neque hominibus placendi studio detorqueatur a vero, nec respectu devitandorum quorumlibet incommodorum suorum, quae adversantur huic vitae. Talis filius ascendit ad sapientiam, quae ultima et septima est, qua pacatus tranquillusque perfruitur. Initium enim sapientiae timor Domini 5. Ab illo enim usque ad ipsam per hos gradus tenditur, et venitur.


  1. Matth. XXII, 37 et 39 ↩

  2. I Cor. XIII, 12,  ↩

  3. II Cor. V, 6, 7  ↩

  4. Philipp. III, 20.  ↩

  5. Psal. CX, 10, et Eccli. I, 16 ↩

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De la doctrine chrétienne

CHAPITRE VII. LES SEPT DEGRÉS QUI CONDUISENT A LA SAGESSE.

9. Il faut donc avant tout que la crainte de Dieu nous dispose à connaître sa volonté, et ce qu'il nous commande de rechercher ou de fuir. Il est nécessaire que cette crainte frappe vivement notre âme de la pensée de notre mortalité et du trépas qui nous attend, et que, perçant les désirs de la chair, elle attache à la croix toutes les révoltes de l'orgueil. Vient ensuite la piété qui doit nous rendre dociles, et nous apprendre à ne jamais contredire la divine Écriture, soit que nous en saisissions le sens, et que nous remarquions qu'elle attaque quelqu'un de nos vices, soit qu'elle reste fermée à notre intelligence, et nous expose à penser que nous pouvons concevoir de nous-mêmes des pensées et donner des prescriptions plus sages. Nous devons croire avec une entière conviction que, même dans ces obscurités, elle renferme plus de vérité et de sagesse que nous ne pouvons en produire de nous-mêmes.

10. Après ces deux degrés de la crainte et de la piété on arrive au troisième, qui est celui de la science, objet spécial de ce traité. C'est dans ce degré que s'exerce quiconque s'applique à l'étude des divines Écritures. Tout ce qu'il y découvrira se résumera dans cette vérité : qu'il faut aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit. et le prochain comme soi-même, en sorte que l'amour du prochain et de soi-même se rapporte à Dieu. Nous avons parlé de ce double précepte dans le livre précédent, où nous avons traité des choses. Aussi, à peine l'homme ouvrant l'Écriture, s'est-il reconnu épris de l'amour du siècle et des choses passagères, qu'il se sent très éloigné de ce parfait amour de Dieu et du prochain qu'elle lui prescrit. Alors la crainte qui le frappe de la pensée du jugement de Dieu, et la piété qui le soumet avec une pleine conviction à l'autorité des saints Livres, le forcent à verser des larmes sur sa misère. Car cette science, en ouvrant son coeur à l'espérance, lui apprend, non à présumer, mais à gémir, et ces larmes jointes à de ferventes prières, lui obtiennent le secours céleste qui l'éloigne de l'abîme du désespoir. Il entre alors dans le quatrième degré, qui est la force, où il sent naître en lui la faim et la soif de la justice. C'est parla force qu'il s'arrache aux joies mortelles .qu'il goûtait dans les choses passagères et qu'il les repousse, pour ne plus aimer que les biens éternels, c'est-à-dire la Trinité toujours une et immuable.

1?

11. Aussitôt qu'il aperçoit cette divine lumière projetant au loin ses rayons, et qu'il sent que la faiblesse de son regard ne peut en supporter l'éclat, il monte au cinquième degré, qui est le conseil. Là, il s'applique à purifier dans les oeuvres de miséricorde, son âme agitée et irritée contre elle-même, de toutes les souillures contractées dans les jouissances terrestres. Là, avec une sainte ardeur, il s'exerce et se, perfectionne dans l'amour du prochain; et, lorsque rempli de force et d'espérance, il est parvenu jusqu'à aimer ses ennemis, il s'élance au sixième degré, oit il purifie cet mil qui seul peut contempler la divinité, autant qu'il est donné à ceux qui meurent au siècle présent. Car plus on meurt à ce monde, plus on voit Dieu; et plus on vit pour la créature, plus Dieu se cache. Et alors même que cette lumière infinie commence à paraître moins accablante, plus certaine et plus ravissante, nous ne l'apercevons encore qu'en énigme et dans un miroir 2, parce que dans le pèlerinage de cette vie, nous marchons plus par la foi que par la claire vue 3, quoique notre conversation soit déjà dans les cieux 4. Celui qui est parvenu à ce degré, purifie tellement l'oeil de son coeur, qu'il ne peut plus préférer ou comparer à la vérité souveraine, ni le prochain, ni, par conséquent, lui-même. Et telle sera dans ce juste la simplicité et la pureté du cœur, que jamais ni l'envie de plaire aux hommes, ni la crainte des épreuves et des adversités de cette vie, ne seront capables de le détacher de l'amour de la vérité. C'est ainsi que cet enfant de Dieu s'élève jusqu'à la sagesse, qui est le septième degré et il en jouit au sein de la paix la plus profonde. Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu 5, et c'est de cette crainte qu'en passant par les autres degrés on tend à la sagesse et qu'on y arrive.


  1. Matt. XXII, 37, 39. ↩

  2. II Cor. XIII, 12.  ↩

  3. IICor. V, 6, 7.  ↩

  4. Philipp. III, 20.  ↩

  5. Ps. CX, 10 ; Eccli. I, 16. ↩

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