• Start
  • Werke
  • Einführung Anleitung Mitarbeit Sponsoren / Mitarbeiter Copyrights Kontakt Impressum
Bibliothek der Kirchenväter
Suche
DE EN FR
Werke Augustinus von Hippo (354-430) De doctrina christiana De la doctrine chrétienne
LIVRE QUATRIÈME.

CHAPITRE XXI. EXEMPLES TIRÉS DES DOCTEURS DE L'ÉGLISE.

45. Les divers passages empruntés à l'Apôtre, pour être clairs n'en sont pas moins profonds. Tels qu'ils ont été écrits et tels qu'on peut les confier à sa mémoire, il ne suffit pas de les lire ou de les entendre, si l'on ne veut pas s'arrêter à une connaissance superficielle ; il faut un habile interprète pour en découvrir la profondeur. Cherchons donc maintenant des modèles de ces divers genres de style dans ces écrivains qui, par la lecture des auteurs sacrés, ont acquis à un haut degré la science des choses divines et salutaires, et l'ont ensuite communiquée à l'Eglise.

Le bienheureux Cyprien emploie le style simple dans ce livre où il traite du mystère du calice. Il y résout la question de savoir si, dans le calice du Seigneur, il doit y avoir de l'eau pure, ou de l'eau mêlée de vin. Nous allons en citer un extrait. Après le prélude de sa lettre, commençant déjà à résoudre la question proposée: « Sachez, dit-il, que nous sommes avertis d'observer dans l'offrande du calice la tradition du Seigneur, et que nous ne devons rien faire que ce que le Seigneur a fait le premier pour nous; par conséquent il doit y avoir du vin dans le calice qui s'offre en mémoire de lui. Car si Jésus-Christ a dit : Je suis la véritable vigne 1, le sang de Jésus-Christ n'est pas certainement de l'eau, mais du vin ; et le sang par lequel il nous a rachetés et vivifiés ne peut paraître dans le calice, quand dans ce calice il n'y a point de vin qui puisse montrer le sang de Jésus-Christ, ce sang que désignent les oracles et les témoignages de toutes les Ecritures. Aussi voyons-nous dans la Genèse la prédiction de ce mystère en la personne de Noé, et une figure de la passion du Seigneur 2. Il est dit en effet que Noé but du vin, qu'il s'enivra, qu'il parut nu dans sa tente, qu'il s'endormit le corps découvert, que cette nudité fut aperçue par le second de ses fils, que ses deux autres fils le couvrirent, et le reste qu'il est inutile de rapporter 3. Il nous suffit de citer ce qui prouve que Noé, montrant en sa personne une figure de la vérité, ne but pas de l'eau, mais du vin, et qu'il fut en cette circonstance une expression sensible de la passion du Sauveur. Nous voyons encore ce sacrement du Seigneur figuré dans le prêtre Melchisédech, selon le témoignage de l'Ecriture. Melchisédech, roi de Salem, dit-elle, offrit du pain et du vin; or il était prêtre du grand Dieu, et il bénit Abraham 4. Que Melchisédech ait été la figure du Christ, l'Esprit-Saint le déclare dans ce psaume où le Père dit à son Fils : «Je vous ai engendré avant l'aurore; vous êtes prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech 5. » Ce passage, ainsi que le reste de la lettre, est du style simple, comme il est facile de s'en convaincre en la lisant 6.

46. Saint Ambroise avait à traiter un grand sujet; il voulait montrer l'égalité de l'Esprit-Saint avec le Père et le Fils. Il emploie cependant le style simple, parce que la matière réclamait, non l'élégance des expressions, ni les grands mouvements qui touchent les cœurs, mais une exposition claire de la doctrine. Voici donc ce qu'il dit, entre autres choses, dès le commencement de son livre : « Frappé d'étonnement aux paroles de l'oracle qui lui apprenait que, malgré la défection de plusieurs milliers d'hommes, Dieu délivrerait son peuple de ses ennemis par la main d'un seul homme, Gédéon lui offrit en sacrifice un chevreau; et, suivant la recommandation de l'ange, il en mit la chair sur une pierre avec des pains sans levain, qu'il arrosa du jus de la victime. Sitôt que l'Ange eut touché l'offrande de l'extrémité de la baguette qu'il tenait, il jaillit de la pierre un feu qui consuma ce sacrifice 7. Ce signe semble indiquer que cette pierre était la figure du corps de Jésus-Christ.

« Car il est écrit : Ils buvaient de l'eau de la pierre qui les suivait 8. Or cette pierre était le Christ 9. Assurément ceci ne pouvait se rapporter à sa divinité, mais à sa chair qui, par une effusion continuelle de son sang, a inondé les coeurs altérés des peuples. Il fut donc alors annoncé mystérieusement que sur la croix le Seigneur Jésus détruirait dans sa chair les péchés du,monde entier, et non-seulement les péchés d'actions, mais aussi les mauvais désirs du coeur. Car la chair du chevreau représente les péchés d'action, et le jus qui en sortit, les désirs de la cupidité, selon cette parole : « Mon peuple a conçu de très mauvais désirs, et il a dit : Qui nous donnera de la chair à manger 10? En étendant sa baguette et en touchant la pierre d'où le feu sortit, l'Ange annonçait que la chair du Seigneur remplie de l'Esprit divin devait consumer tous les péchés de l'humanité. C'est pourquoi le Seigneur a dit: Je suis venu apporter le feu sur la terre » et le reste, où le saint docteur s'attache principalement à expliquer et à prouver son sujet.

47. Voici un exemple de style tempéré; il est de saint Cyprien dans l'éloge de la virginité : « Nous adressons maintenant la parole aux vierges, car nous devons en avoir d'autant plus soin, que la gloire de leur état est plus éclatante. La virginité est une fleur qui croît dans le champ de l'Eglise, la beauté et l'ornement de la grâce du Saint-Esprit, l'heureux signe de l'honneur et de la vertu, un ouvrage pur et accompli, une image de Dieu proportionnée à la sainteté du Seigneur, la plus illustre portion du troupeau. du Christ. Elles sont la joie de l'Eglise, font fleurir partout la merveilleuse fécondité de leur mère; plus se développe cette virginité glorieuse, plus aussi redouble l'allégresse de l'Eglise. » Sur la fin de la même lettre, il ajoute : « Comme nous avons porté l'image de l'homme fait de terre, portons l'image de l'homme descendu du ciel 11. La virginité la porte, cette image; la pureté, la sainteté, la vérité la portent. Elles la portent, attentives aux préceptes du Seigneur, fidèles à tous les devoirs de la religion et de la justice, fermes dans la foi, humbles dans la crainte, courageuses à tout souffrir, douces à supporter les injures, promptes à faire miséricorde, appliquées à conserver l'union et la paix avec le prochain. Vierges sages, voilà vos obligations. Vous devez les aimer, vous les devez remplir, vous qui êtes tout occupées de Dieu et de Jésus-Christ, et qui, par le mérite et le bonheur de votre choix, marchez les premières dans la voie du Seigneur à qui vous vous êtes consacrées. Vierges plus âgées, instruisez les jeunes; et vous jeunes encore, rendez service aux plus âgées, et enflammez de zèle vos compagnes. Animez, encouragez-vous mutuellement, excitez-vous à l'envi à acquérir la gloire parla vertu. Persévérez avec énergie , avancez spirituellement, parvenez heureusement ; seulement souvenez-vous de nous quand vous commencerez à porter la couronne de gloire due à votre virginité 12.

48. Saint Ambroise de son côté propose, dans le même style, à celles qui ont embrassé l'état de virginité, un exemple qu'elles doivent imiter, et reproduire dans leur conduite. « Elle était vierge, dit-il, non-seulement de corps, mais encore d'esprit. Elle n'altérait la pureté de ses désirs par aucun artifice ni par aucun détour; humble de coeur. sérieuse dans ses discours, sage dans ses pensées, avare de ses paroles, appliquée à la lecture, se confiant moins dans les richesses périssables que dans la prière du pauvre, attachée à son ouvrage, réservée dans son langage, fidèle à choisir. Dieu et non les hommes pour juge et témoin de ses sentiments, accoutumée à ne blesser personne, à souhaiter du bien à tous, à se lever devant les plus âgées, à n'être point jalouse de ses égales, à fuir l'ostentation, à suivre la raison, à aimer la vertu. Quand a-t-il paru seulement sur son visage rien qui pût déplaire à ses parents? Quand s'est-elle divisée avec ses proches ? Quand a-t-elle dédaigné la misère, raillé la faiblesse, évité l'indigent ? Elle ne voyait d'hommes assemblés que ceux dont sa charité n'avait pas à rougir, ou sa pudeur à s'effrayer. Rien de repoussant dans ses regards; rien d'aigre dans ses paroles; rien de hardi dans ses actions; rien d'indolent dans ses gestes; rien de trop libre dans sa démarche; rien d'impétueux dans sa voix; de manière que la beauté du dehors était une image fidèle de la bonté de son coeur. On doit juger d'une bonne maison par le vestibule même, et connaître au premier abord qu'il n'y a rien d'obscur, comme si une, lumière, placée à l'intérieur, projetait ses rayons au-dehors. Que dirai-je encore de ses épargnes pour se nourrir, et de ses excès pour servir le prochain? Elle allait pour lui au-delà des forces de la nature; et pour elle à peine allait-elle jusqu'à ses besoins. Pas un moment de son temps qui ne fût pour la charité; pas un de ses jours qui échappât au jeûne; et quand parfois elle voulait reprendre des forces, elle prenait le premier aliment qui s'offrait plutôt pour empêcher la mort, que pour se procurer du plaisir 13, etc. » J'ai cite ce passage comme modèle de style tempéré, parce qu'il n'est pas question de porter à embrasser la virginité celles qui ne l'ont pas encore fait, mais de retracer les vertus que doivent pratiquer celles qui s'y sont vouées. Il n'appartient qu'à l'éloquence la plus sublime d'inspirer cette grande et courageuse résolution. Saint Cyprien parle simplement de l'état des vierges, et ne se propose nullement de le faire embrasser. Cependant le magnifique langage de saint Ambroise est propre aussi à inspirer cette détermination.

49. Je vais néanmoins citer des exemples du style sublime, tirés des oeuvres de ces deux grands hommes. Tous deux se sont élevés avec force contre ces femmes qui essaient, par des couleurs étrangères, de rehausser l'éclat de leur teint, ou plutôt de l'anéantir. Voici comme saint Cyprien s'en explique : « Si un savant peintre, par des couleurs capables de le disputer avec la nature, avait représenté la beauté du visage et la taille avantageuse. de quelqu'un; si après qu'il a achevé et perfectionné son ouvrage, un autre, se croyant plus habile, y portait la main pour réformer cette image déjà peinte et finie, l'outrage fait au premier artiste semblerait grave et son indignation très-juste. Et toi, tu penses porter impunément l'excès d'une témérité si monstrueuse, et l'injure faite au céleste ouvrier! Quand même tu ne serais pas impudique devant les hommes, ni déshonorée par ces couleurs qui ne sont que les amorces de la lubricité; aux yeux de Dieu dont tuas profané et violé tous les dons, tu parais plus coupable qu'une adultère. Ce que tu prends pour une parure, ce que tu regardes comme un ornement, c'est une insulte au divin ouvrage, c'est un violation de la vérité. Voici l'avertissement de l'Apôtre, il s'écrie : Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle comme vous êtes des azymes. Car notre agneau pascal, le Christ, a été immolé. C'est pourquoi nous célébrons cette fête, non avec un vieux levain, ni avec un levain de malice et de corruption, mais avec les azymes de sincérité et de vérité 14. Y a-t-il sincérité et vérité, quand tu corromps la nature par des couleurs adultères et que tu ensevelis la vérité sous le fard du mensonge? Le Seigneur a dit: Vous ne pouvez rendre un seul de vos cheveux blanc ou noir 15; et toi tu prétends contredire cet arrêt irrévocable. Par de téméraires efforts, et par un sacrilège mépris de la parole de ton Dieu, tu oses peindre tes cheveux; ils deviennent ainsi le funeste présage de la chevelure ardente que tu appelles 16. » Il serait trop long de rapporter toute la suite de ce discours.

50. Voici comment s'exprime saint Ambroise sur le même sujet: « Voici, dit-il, ce qui enflamme le vice: dans la crainte de déplaire à leurs maris, elles se fardent le visage, et dans l'altération de leur teint, elles préparent l'altération de leur chasteté. Quelle folie d'employer l'art à défigurer la nature, et dans le même temps qu'on craint pour sa beauté le jugement d'un mari, de témoigner publiquement qu'on s'en défie soi-même! Car celle qui veut changer ce qu'elle est naturellement, est la première à prononcer contre elle-même; si elle prend tant de soin de plaire aux autres, c'est qu'auparavant elle se déplaît sans doute. Quel juge moins suspect chercherions-nous de ta laideur que toi-même, ô femme qui crains si fort qu'on ne te voie ? Si tu es belle, pourquoi te cacher? Si tu ne l'es pas, pourquoi feindre de l'être, puisque tu n'auras le plaisir ni d'ignorer ce que tu es, ni de te consoler par l'erreur d'autrui. Car ton mari en aime une autre, et toi tu cherches à plaire à un autre qu'à lui; tu t'irrites de ce qu'il est infidèle, et tu lui donnes des leçons d'adultère! C'est toi-même qui enseignes follement à te faire cette injure. La femme, même corrompue, a horreur de la prostitution, et si abjecte qu'elle soit, elle ne fait pas le crime pour le plaisir d'autrui, mais pour le sien. Il semble même que dans l'adultère les fautes soient en quelque sorte plus supportables. Car si dans ce vice on corrompt la pureté, dans celui de se farder on corrompt la nature même 17. » Cette éloquence assurément est propre à pénétrer vivement de pudeur et de crainte, à empêcher les femmes d'altérer leur beauté. Aussi nous y trouvons, non le style simple ou tempéré, mais le style le plus sublime. Dans les œuvres de ces deux docteurs auxquels j'ai emprunté ces extraits, et dans celles des autres écrivains ecclésiastiques qui ont su parler d'une manière digne de la vérité, c'est-à-dire d'une manière saisissante, attrayante et animée, on rencontrera une foule d'exemples de ces trois genres de style, et par l'assiduité à les lire, à les entendre et à s'exercer on parviendra à faire des progrès soi-même.


  1. Jean, XV, 6. ↩

  2. Gen. IX, 21.  ↩

  3. Gen. IX, 20-23.  ↩

  4. Gen. XIV, 18.  ↩

  5. Ps. CIX, 4.  ↩

  6. CYP. épit. LXIII.  ↩

  7. Jug. VI, 11-21. ↩

  8. Nomb. XI, 4.  ↩

  9. I Cor. XI, 4.  ↩

  10. Nomb. XI, 4.  ↩

  11. I Cor. XV, 49 ↩

  12. S. Cyp. des Vierg. ↩

  13. S. Amb. des Vierg. liv. 2. ↩

  14. I Cor. V. 7, 3.  ↩

  15. Matt. V, 36.  ↩

  16. S. Cyp. ubi. supra.  ↩

  17. S. Ambroise, liv. I, des Vierges. ↩

pattern
  Drucken   Fehler melden
  • Text anzeigen
  • Bibliographische Angabe
  • Scans dieser Version
Download
  • docxDOCX (160.97 kB)
  • epubEPUB (160.66 kB)
  • pdfPDF (527.70 kB)
  • rtfRTF (475.01 kB)
Editionen dieses Werks
De doctrina Christiana vergleichen
Übersetzungen dieses Werks
De la doctrine chrétienne
Vier Bücher über die christliche Lehre (BKV) vergleichen
Kommentare zu diesem Werk
Einleitung: Vier Bücher über die christliche Lehre

Inhaltsangabe

Theologische Fakultät, Patristik und Geschichte der alten Kirche
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Impressum
Datenschutzerklärung